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petits garçons auprès de lui. Nous verrons s’il ira à Corinthe[1]. Adieu, mon ancien ami ; souvenez-vous quelquefois du Suisse V., qui vous aime.


4082. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, 1er avril.

Monsieur, la lettre de Votre Excellence, du 19 février, reçue par la voie de Vienne le 29 mars, me remplit de reconnaissance, et augmente la douleur où j’étais de la perte du paquet que j’avais eu l’honneur de vous envoyer au mois d’octobre dernier.

J’ai remis aujourd’hui entre les mains de M. de Soltikof un nouvel exemplaire pour suppléer à la perte du premier. J’espère que ce dernier paquet vous sera rendu ; mais cette ressource ne calmera pas les inquiétudes où nous sommes, les éditeurs et moi. On prétend que le paquet envoyé au mois d’octobre a été intercepté en Allemagne, et qu’on imprime aujourd’hui à Hambourg et à Francfort cette première partie de la Vie de Pierre le Grand qui est contenue dans le paquet intercepté. J’envoie à Francfort un homme affidé pour suivre les traces de cette affaire.

Mais s’il est vrai que le livre a été vendu à des libraires allemands, je prévois avec douleur que tous mes soins seront inutiles. Ce chagrin est bien capable de corrompre la satisfaction que je ressentais à mettre en ordre les matériaux du monument que vous érigez, monsieur, au grand homme à qui nous devons votre auguste impératrice, et à qui je dois l’honneur de vous connaître. Mais vos bontés me servent de consolation, et, quelque contre-temps douloureux que j’essuie, je consacrerai le peu qui me reste de force à finir un ouvrage commencé sous vos auspices, et que vos soins m’ont rendu si cher. Si ma santé m’avait permis de faire le voyage de Pétersbourg[2], je l’aurais entrepris avec joie, et vous auriez été servi avec plus de promptitude ; mais mon âge et mes maladies ne me permettent plus de me transplanter. Ma seule espérance est de recevoir vos ordres dans ma retraite, et de vous témoigner de loin mon attachement et mon zèle.

Je ne sais si Votre Excellence a vu le petit livre qui a fait tant de bruit, et dont j’avais l’honneur de lui parler dans ma der-

  1. Denys y devint maître d’école après avoir été tyran de Syracuse.
  2. Élisabeth, vers le commencement de 1757, avait fait témoigner à Voltaire le désir de le voir dans la capitale de son empire.