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de Nassau qui m’a paru le chef-d’œuvre de l’éloquence et le triomphe de l’humanité[1] ; passez-moi le mot. Vingt personnes m’ont assuré qu’il a une très-belle âme. Je serais affligé d’être trompé, mais je souhaite d’être éclairé.


La faiblesse humaine est d’apprendre
Ce qu’on ne voudrait pas savoir[2].


Je vous ai parlé, monsieur, avec franchise. Si vous trouvez dans le fond du cœur que j’aie raison, voyez ce que vous avez à faire. Si j’ai tort, dites-le-moi, faites-le-moi sentir, redressez-moi. Je vous jure que je n’ai aucune liaison avec aucun encyclopédiste, excepté peut-être avec M. d’Alembert, qui m’écrit, une fois en trois mois, des lettres de Lacédémonien. Je fais de lui un cas infini ; je me flatte que celui-là n’a pas manqué de respect à Mmes les princesses de Robecq et de La Marck. Je vous demande encore une fois la permission de m’adresser sur cette affaire à M. d’Argental.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec une estime très-véritable de vos talents, et un extrême désir de la paix, que MM. Fréron, de Pompignan, et quelques autres, m’ont voulu ôter, votre, etc.


4144. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, 7 juin.

Monsieur, par une lettre de M. de Kaiserling votre ami, reçue aujourd’hui en même temps que la vôtre, je vois que vous avez eu la bonté de partager toutes mes inquiétudes, et je me flatte qu’elles sont calmées. Les ordres qu’on a donnés à Hambourg mettront probablement un frein à l’avidité des libraires ; j’aurai le temps de consacrer tous mes soins au désir de vous plaire ; je pourrai attendre en paix les nouvelles instructions dont Votre Excellence m’a flatté. On se conformera en tout à vos volontés, tant dans la rédaction du second volume que dans les corrections nécessaires au premier. Ce qui n’était d’abord pour moi qu’une occupation agréable devient aujourd’hui mon principal devoir ; il semble que vous m’ayez fait un de vos concitoyens, en me

  1. Les Philosophes, acte II, scène v.
  2. La faiblesse humaine est d’avoir
    La curiosité d’apprendre
    Ce qu’on ne voudrait pas savoir.

    (Moliere, Amphitryon, acte II, scène iii.)