Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/472

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sont guère plus fous que les autres. Leur folie du moins est très-douce ; elle ne nuit à personne ; ils ne répandent point le sang, ils ne se soucient point de savoir à qui appartiendra la Silésie, et quel dédommagement on exigera pour la Saxe. Pourvu qu’on les laisse travailler en paix et aimer l’enfant Jésus, ils sont contents. Ils sont ignorants, ce qui est excellent pour des sots : car si jamais ils sont de sots savants, les voilà perdus.

Je commence à craindre, madame, que le ballot que j’ai pris la liberté de faire partir à l’adresse de Votre Altesse sérénissime ne soit perdu. Quand la guerre ne ferait autre chose que d’empêcher des livres de parvenir à leur destination, je la détesterais. Jugez, madame, combien je l’abhorre quand elle ruine tant de villes et fait couler tant de sang. Je me mets aux pieds de monseigneur et de toute votre auguste famille ; je me mets surtout aux vôtres. Je me recommande à la grande maîtresse des cœurs, et je demande toujours les bontés de Votre Altesse sérénissime pour le Suisse V.


4189. — À M.  SÉNAC DE MEILHAN.
16 juillet.

Vous m’écrivez, monsieur, comme l’Église ordonne qu’on fasse ses pâques, à tout le moins une fois l’an. Je voudrais que vous eussiez un peu plus de ferveur ; mais aussi, quand vous vous y mettez, vous êtes charmant.

Je suis très-fâché que ***[1] se soit déclaré l’ennemi des philosophes : il ne faut pas se moquer des gens qu’on persécute ; passe pour les gens heureux et insolents, c’est un grand soulagement de rire à leurs dépens.

On dit que Lefranc de Pompignan est heureux, qu’il est gros et gras, qu’il est très-riche, qu’il a une belle femme ; mais il a été fort insolent, en parlant à ses confrères, et cela n’est pas bien. Je ne peux m’empêcher de savoir bon gré au cousin Vadé, et à M.  Alethof, et même encore à un certain frère de la Doctrine chrétienne, d’avoir rabattu l’orgueil de ce président de Quercy[2]. Ce n’est pas tout d’avoir fait la Prière du Déiste,


Il faut encore être modeste[3].

    nication avec Dieu. Ce sont les quakers de l’Allemagne. Le collège directeur réside à Hernhutt, dans la haute Lusace. (A. F.)

  1. Au lieu de ces étoiles, l’autographe porte sans doute Palissot.
  2. Lefranc de Pompignan était ancien premier président de la cour des aides de Montauban, ville de Quercy.
  3. Voyez le commencement de la lettre 4152.