Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/473

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Fi, que cela est vilain de se faire le délateur de ses confrères ! Son frère l’évêque devrait lui refuser l’absolution.

Moquez-vous de tous ces gens-là, et surtout de ceux qui vous ennuient. Faites mes compliments, je vous en prie, à monsieur votre père, et à monsieur votre frère[1], que j’ai vu dans un pays où certainement je ne le reverrai jamais. Vous trouverez les Délices un peu plus agréables qu’elles n’étaient, vous serez mieux logé, et nous tâcherons de vous faire les honneurs de la maison mieux que nous n’avons jamais fait. J’ai bâti un château dans le pays de Gex, mais ce n’est pas avec la lyre d’Amphion ; son secret est perdu. Je me suis ruiné pour avoir eu l’impertinence d’être architecte. Je crois mon château fort joli, parce qu’un auteur aime toujours ses ouvrages ; mais il me paraîtra bien plus agréable si jamais vous me faites l’honneur d’y venir.

J’admire l’impudence des ennemis de la philosophie, qui prétendent qu’il ne m’est pas permis de revenir à Paris. Il ne tient qu’à moi assurément d’y être, et d’y souper avec MM.  Favart, Poinsinet, et Colardeau ; mais je suis trop vieux. J’aime le repos, la campagne, la charrue, et le semoir.


4190. — À M.  LE PRÉSIDENT DE BROSSES[2].
16 juillet 1760.

Je conçois, monsieur, que monsieur l’intendant de Bourgogne, ou son subdélégué à Gex vous ait communiqué les pièces par lesquelles il est démontré que le seigneur de Tournay n’a pas plus de juridiction sur l’arpent et demi appelé la Perrière, que sur la ville de Pézenas. Jamais problème n’a été résolu en plus de façons. Vos propres pièces prouvent d’abord que vos auteurs achetèrent la juridiction des seigneurs de la Bâtie : or la justice de la Bâtie ne s’étendit jamais que jusqu’au grand chemin ; la province de la Perrière est au delà du grand chemin ; ergo.

2° Par vos aveux et dénombrements, il conste que vous n’avez jamais rendu foi et hommage de cette justice.

3° On a produit plusieurs pièces par lesquelles la juridiction de Genève était établie sur cette province.

4° Le conseil de Genève, extraordinairement assemblé en dernier lieu, a donné un certificat authentique par lequel il

  1. Nommé fermier général en 1761. Voltaire l’avait sans doute vu en Prusse.
  2. Éditeur, Th. Foisset. — En tête est écrit de la main du président : À sotte lettre, point de réponse. (Note du premier éditeur.)