Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/152

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Il n’y a qu’heur et malheur en ce monde. Mon heur est de vous être attaché jusqu’au dernier moment de ma vie, avec le plus tendre et le plus profond respect.


4938. — À M.  DEBRUS[1].

Je renvoie les lettres en question.

Je ne crois pas qu’on réussisse de longtemps par les voies ordinaires. Il n’y a d’autre secret à présent que d’exciter le cri public et de porter ceci aux oreilles du roi. J’aurai incessamment réponse sur la tentative faite auprès de Mme  de Pompadour[2]. Disposons les esprits, et ensuite on verra comment la requête en forme sera présentée. Je peux assurer que les ministres sont très-bien intentionnés.


4939. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 25 juin.

Les frères des Délices ont reçu les lettres du 19 juin de leur cher frère. Ils chercheront le Contrat social : ce petit livre a été brûlé à Genève dans le même bûcher que le fade roman d’Émile ; et Jean-Jacques a été décrété de prise de corps comme à Paris. Ce Contrat social ou insocial n’est remarquable que par quelques injures dites grossièrement aux roiss par le citoyen du bourg de Genève, et par quatre pages insipides contre la religion chrétienne. Ces quatre pages ne sont que des centons de Bayle. Ce n’était pas la peine d’être plagiaire. L’orgueilleux Jean-Jacques est à Amsterdam, où l’on fait plus de cas d’une cargaison de poivre que de ses paradoxes.

L’affaire de mon frère[3] m’intéresse bien davantage ; mais si monsieur le contrôleur général a promis à un ancien ami, personne ne pourra s’y opposer, ni être bien reçu à le solliciter. Tout ce qu’on doit faire, à mon avis, c’est de remontrer fortement qu’il est de son intérêt et de son honneur d’employer utilement un homme qui a été quinze ans utile ; et je suis persuadé que par cette voie on pourra obtenir un poste avantageux.

Je suis toujours en peine d’un Meslier envoyé à mon frère

  1. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.
  2. Cette tentative paraît avoir été faite par l’intermédiaire du docteur Tronchin. Plus tard, ce fut le duc de La Vallière que Voltaire employa auprès de la marquise. (Note du premier éditeur.)
  3. De Damilaville lui-même.