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celle de ce pauvre M. de Court, qui me rend sensible à son chagrin.


4941. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, près Genève, 25 juin.

Monsieur, M. le prince Galitzin a eu la bonté de me faire tenir le paquet contenant les chapitres du second tome de Pierre le Grand, accompagné de vos judicieuses remarques. Soyez bien persuadé que je me conformerai en tout à vos idées, et que j’aurai la plus grande attention à ne vous point compromettre. L’ouvrage ne pourra paraître que dans l’année 1763, parce que les arrangements pris avec le public pour l’édition de Pierre Corneille ne souffrent aucun délai. J’eus l’honneur de répondre, il y a près d’un mois[1], par duplicata, aux ordres que vous me donnâtes touchant M. de Soltikof. Je vous mandai qu’on avait reçu de ses lettres datées de Hambourg, au mois de mars. Il notifiait par cette lettre qu’il retournait eu Russie, et je me flattais, comme je me flatte encore, que ce jeune homme est auprès de vous, aussi digne de vos bontés que je l’en ai vu pénétré.

Pour moi, je n’ai point de ses nouvelles ; et j’en ai été d’autant plus affligé que nous le regardions dans notre maison comme notre fils.

Ce que vous me dites, monsieur, dans votre lettre du 1er mai, me fait concevoir l’espérance de vous voir. Il est naturel de faire voyager monsieur votre neveu[2], à qui vous tenez lieu de père : vous voyagerez avec lui. Il n’y a point de nation qui ne s’empressât à vous témoigner l’estime qu’on a pour votre personne. Le Mécène de la Russie sera partout reçu comme l’eût été le Mécène de Rome.

Je serai toute ma vie avec le plus tendre respect, etc. V.


4942. — À M.  DEBRUS[3].
(Juin 1762.)

Je crois qu’on se trompe, que toute cette aventure n’est pas de l’année 1762, mais du temps de la Saint-Barthélemy. Dieu soit béni de ce que les deux lettres de la mère et du fils ont effrayé et attendri les hommes sur ces horreurs, et donnent des protecteurs

  1. Voyez la lettre du 4 juin, n° 4918.
  2. André, fils d’Ivan Schouvalow.
  3. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.