Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/222

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assurément bien de l’honneur. On lui battra des mains sur les bords de mon lac, comme sur les bords de la Seine. Il daigne donc aussi protéger le tripot et les curés ! Dieu le bénira. Il faut que nous lui ayons l’obligation, à lui et à M. le maréchal de Richelieu, d’être débarbarisés.

J’entends Mme  de Scaliger à demi-mot ; elle veut un Cassandre : vous l’aurez, madame ; mais je doute que vous et mon autre ange vouliez l’exposer au théâtre et à la dent des malins, qui se moqueront de père Voltaire, et du curé d’Éphèse, et de ma religieuse, et de mon Cassandre dûment confessé. Cependant je vous jure que le tout fait un effet auguste et terrible. J’en ai pour garants des huguenots, qui se moquent des sacrements, et à qui pourtant ma confession a fait grand plaisir : enfin vous en jugerez. Je vous soumets tout ce que j’ai de sacré et de profane.

M. le maréchal de Richelieu vient-il ? Nous lui jouerons Cassandre. Mille tendres respects.


5010. — À M.  PIERRE ROUSSEAU.
Aux Délices, 20 auguste.

Pour répondre, monsieur, à votre lettre du 14 auguste, dont je vous suis très-obligé, je vous dirai que M. le duc de Grafton, qui était dans mon voisinage il y a quelque temps, me montra dans le Saint-James Chronicle du 17 juillet, n° 211, une prétendue lettre[1] de moi, tirée apparemment des archives de Grub-street ou des charniers Saints-Innocents.

Il fallut tout mon respect et toute ma reconnaissance pour m’engager à désavouer dans les papiers anglais cette rapsodie impertinente. Les honnêtes gens éclairés savent bien à quoi s’en tenir sur ces sottises dont on est inondé et dont on est las.

Au reste, monsieur, vous ferez fort bien, et je vous remercierai de faire imprimer dans votre journal la critique allemande de l’Histoire de Pierre le Grand[2]. Ce qu’il y aura de vrai et de judicieux dans cette critique servira pour le second volume. Je peux fort bien m’être trompé, quoique j’aie suivi, aussi exactement que j’ai pu, les mémoires qu’on m’avait envoyés de Pétersbourg.

Il y avait une lourde méprise, dans le manuscrit, concernant

  1. Voyez une note sur la lettre 4872.
  2. De Muller. Cette critique avait paru dans un journal de Hambourg. Elle fut imprimée dans le Journal encyclopédique.