Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agir ouvertement ; mais il est certain qu’elle est très-touchée d’une si horrible injustice, qu’elle rendra tous les services possibles sans se compromettre. Voilà sur quoi Mme Calas peut compter. Il ne faut pas s’étonner si M. de Saint-Florentin a reçu le placet sans le lire. On ne lit guère de placets à l’audience ; il faudrait que l’audience tînt vingt-quatre heures pour les lire tous.

Il ne faudrait pas s’étonner qu’on ne rendît à Mme Calas ses filles qu’après le procès.

Le gain de ce procès me paraît sûr. M. le premier président de Nicolaï est celui qui a agi le plus fortement auprès de monsieur le chancelier : il serait bon que Mme Calas allât le remercier quand il sera à Paris.

Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent a consisté à disposer favorablement les esprits, à émouvoir la compassion publique et à exciter l’indignation. Tout le reste se fera bien facilement ; Mme Calas peut être tranquille. Elle sera très-bien servie par MM. Mariette et de Beaumont, et on prend de tous côtés les meilleures mesures en sa faveur.

Quant au jeune Lavaysse, c’est assez qu’il rende justice à la vérité dans le cours du procès, mais il ne doit pas négliger de faire connaître cette vérité à tous les particuliers auxquels il pourra parler. C’est un devoir dont il ne peut se dispenser, et dont sans doute il s’acquittera.

En un mot, que Mme Calas se repose sur son innocence, et sur le zèle inaltérable de ceux qui s’intéressent à son affaire.


5016. — À M. FYOT DE LA MARCHE[1].
25 auguste, aux Délices.

Vous voilà donc, mon illustre magistrat, le protecteur de Pertharite, d’Agéslias, d’Attila, de Surèna, de Pulchérie, etc. Vous étiez fait pour ne protéger que les Cinna et les Polyeucte. La meilleure part n’est pas tombée à votre dessinateur. Je lui sais bon gré de mettre du génie dans ses dessins, puisque ce Corneille en a mis si peu dans la moitié de ses pièces ; il eût fallu plutôt les supprimer que les décorer par des estampes ; mais le public, qui n’a jamais entendu ses intérêts, veut avoir toutes les sottises d’un grand homme. J’ai pris le parti depuis quelque temps de faire relier ce que je trouve de bien dans les livres

  1. Éditeur, Th. Foisset.