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chancelier. Laissons donc M. d’Argental, et les avocats Beaumont et Mallard[1] travailler en conséquence ; j’ai proposé des requêtes pour faire venir la procédure. Nous verrons si on tentera cette voie, ou si on attendra une copie de l’arrêt.

Ne craignons point que le parlement de Toulouse écrive ou fasse écrire à Mme  de Pompadour, il ne fera jamais cette démarche. Elle serait ridicule dans un parlement.

Si M. Debrus voyait les lettres que M. d’Argental et mon neveu m’écrivent, il serait content. Encore une fois, nous préparons les esprits, nous mettons tout en mouvement, et j’espère beaucoup. Il sera nécessaire que M. Debrus ait la bonté de m’instruire de tout ce qu’il saura de nouveau, afin que j’en avertisse sur-le-champ M. d’Argental et nos autres amis.

M. Tronchin le fermier général pense, comme M. d’Argental, qu’il faut laisser agir les deux avocats Beaumont et Mallard, d’autant plus que ces messieurs soulèvent tout le corps des avocats en faveur des Calas.

De deux choses l’une : ou le parlement de Toulouse verra son arrêt cassé, ou il sera déshonoré s’il est vrai qu’il ait aussi mal jugé qu’il le paraît.


5020. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
29 auguste.

Divins anges, je m’aperçois pourtant qu’il est difficile de faire à la fois une tragédie, l’Histoire du czar, l’Histoire générale[2], les Remarques sur Corneille, et de défricher le tout avec un procès[3] pour un cimetière.

J’apprends que vous n’êtes plus chez vous, et que la petite vérole vous en a chassés : voilà ce que c’est que de ne pas faire inoculer tous les petits garçons et toutes les petites filles d’un pays à l’âge de sept ans ; mais j’ai peur que Tronchin et La Condamine n’aient décrédité l’inoculation, l’un en excitant trop d’envie, et l’autre en y mêlant un peu de ridicule.

  1. Mallard, qui parait avoir activement assisté Elie de Beaumont, fut un des quinze avocats de Paris qui signèrent, le 23 août 1762, les Mémoire à consulter et Consultations d’Élie de Beaumont, en faveur de Mme  Calas et de ses enfants.

    Les quatorze autres signataires furent : Huart, L’Herminier, Giltet, Boys de Maisonneuve, Cellier, de Lambon, Boucher d’Argis, Duchasteau, Bigot de Sainte-Croix, Moreau, Dandasne, Beymond, Thevenot-Dessaule, Doillot. Ces noms méritent d’être conservés. (Note du premier éditeur.)

  2. Le tome VIII de l’édition de 1761 ne parut qu’en 1763.
  3. C’est le procès sacré dont il est question tome XLI, page 314.