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En voilà trop pour un sourd presque aveugle. Nous répétons Cassandre. Mlle Corneille ne jouera pas mal Olympie ; mais elle jouera mieux Chimène, comme de raison.

Je vous réitère mes très-tendres respects.


5025. — À MADAME CALAS[1].

Madame, tous ceux qui ont le bonheur de vous servir dans une affaire si juste doivent se féliciter également. Vous savez que je n’ai jamais douté de l’événement de votre procès. Il me paraît que le conseil du roi s’est engagé à vous donner une satisfaction entière en obligeant les juges de Toulouse d’envoyer la procédure et les motifs de l’arrêt. Jouissez maintenant du repos ; je vous fais les plus tendres et les plus sincères compliments, ainsi qu’à mesdemoiselles vos filles. Vous vous êtes conduite en digne mère, en digne épouse ; on vous doit louer autant qu’on doit abhorrer le jugement de Toulouse. Soyez pourtant consolée que l’Europe entière réhabilite la mémoire de votre mari ; vous êtes un grand exemple au monde. Je serai toujours, avec les sentiments qui vous sont dus, madame, votre, etc.


5026. — À M. COLINI.
Aux Délices, 4 septembre.

Voici tout ce que peut répondre un pauvre homme qui perd l’ouïe et la vue, et qui perdra bientôt le reste.

Il y a toujours quelque chose à refaire à une tragédie. Je me suis aperçu que, dans la troisième scène du quatrième acte, l’hiérophante ne donne nulle raison de cette loi qui n’accorde qu’un seul jour à Olympie pour renoncer à son époux, et pour faire un nouveau choix. La voici, cette raison :


· · · · · · · · · ·
Son épouse en un jour peut former d’autres nœuds ;
Elle le peut sans honte, à moins que sa clémence,
À l’exemple des dieux, ne pardonne l’offense.
La loi donne un seul jour : elle accourcit les temps
Des chagrins attachés à ces grands changements.

  1. C’est à tort que Beuchot a classé ce billet à l’année 1765, époque de la réhabilitation de la mémoire de Calas. Il s’agit ici de l’arrêt qui ordonnait aux juges de Toulouse d’envoyer les pièces de la procédure. (G. A.)