Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/236

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Mais surtout attendez les ordres d’une mère ;
Elle a repris ses droits, ce sacré caractère[1], etc.


M. Colini est prié de faire ce petit changement sur le rôle de l’hiérophante. La pièce aurait encore besoin de quelques autres changements ; mais comme le temps presse, on ne veut pas fatiguer les acteurs.

On a déjà dit, dans la dernière lettre, comment la scène du bûcher fut exécutée au château de Ferney. On prendra sur le théâtre de Schwetzingen le parti que l’on voudra ; mais il est essentiel que les prêtresses apportent un autel sur le devant du bûcher, et qu’Olympie monte sur ce petit gradin à l’autel.

Ce qu’il y a de plus nécessaire, c’est que l’actrice chargée du rôle d’Olympie soit très-attendrissante, qu’elle soupire, qu’elle sanglote ; que dans la scène avec sa mère elle observe de longues pauses, de longs silences, qui sont le caractère de la modestie, de la douleur, et de l’embarras.

Il faut, au dernier acte, un air recueilli et plein d’un sombre désespoir ; c’est là surtout qu’il est nécessaire de mettre de longs silences entre les vers. Il faut au moins deux ou trois secondes en récitant :


Apprends… que je t’adore… et que je m’en punis.


Un silence après apprends, un silence après que je t’adore. Le rôle de Cassandre doit être joué avec la plus grande chaleur, et celui de l’hiérophante avec une dignité attendrissante.

M. Colini est instamment prié de ne point faire imprimer la pièce avant qu’on y ait donné la dernière main.

Le malade lui fait mille compliments.


5027. — À M.  DEBRUS[2].
4 (septembre).

On trouve le mémoire de M. Mariette trop long[3], trop minutieux, trop peu intéressant, trop peu éloquent ; mais, tel qu’il

  1. Ces vers sont tome VI, page 144.
  2. Éditeur, A. Coquerel. — L’adresse est : « À monsieur, monsieur de Brusse, à Genève. »
  3. Ce Mémoire est fort long en effet (136 pages in-8o), et il est médiocre. Celui d’Élie de Beaumont ne répond pas non plus à l’idée que Voltaire s’en faisait à l’avance. Loyseau de Mauléon, Lavaysse père, et à Toulouse l’avocat Sudre, restèrent tous au-dessous de leur tâche. Voltaire seul est l’âme de ce grand procès :