Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/300

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à présent c’est le quartier de l’histoire. Je m’amuse à peindre les sottises des hommes, et je vais jusqu’à l’année présente ; la matière est abondante. Adieu, monsieur ; conservez-moi des bontés qui font la consolation de ma vieillesse dans ma retraite, et de mes travaux. Je me mets aux pieds de madame l’ambassadrice.


5092. — À M. DEBRUS[1].
23 (novembre.)

J’envoie à M. Debrus ce paquet de factums avec une lettre de Mme Calas[2]. Ce mémoire fait un grand effet sur le public ; ceux de MM. Mariette et Beaumont n’en font pas moins sur l’esprit des juges. Les demoiselles Calas ne sont point encore relâchées, malgré la promesse de M. de Saint-Florentin ; je n’en suis fâché que pour la mère. Il faudra bien qu’elle triomphe, et alors ses filles sortiront de prison par une belle porte.

Mille compliments à MM. de Végobre. V.


5093. — À M. DAMILAVILLE.
28 (novembre).

Salut à mes frères en Dieu et en la nature. Je prie mon frère Thieriot de m’aider dans mes besoins, et de m’envoyer la meilleure Histoire du Languedoc ; cela ne sera peut-être pas inutile aux Calas, et pourra produire un écrit intéressante[3].

On a fini par se moquer de moi de ce que j’avais pris tant à cœur la tracasserie de la lettre[4] ; mais si je n’avais pas tant crié, on aurait peut-être crié contre moi. Il n’est pas mal de couper une tête de l’hydre de la calomnie dès qu’on en trouve une qui remue.

Je vous remercie, mon cher frère, de l’ouvrage odieux que je vous avais demandé, et dont j’ai reçu le premier volume. Je ne

  1. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe. L’adresse est : « À monsieur, monsieur Bruce, derrière le Rone (sic). »
  2. C’est sans doute le mémoire pour Donat, Pierre et Louis Calas, par Loyseau de Mauléon. L’ordre où sont placés ces trois noms est assez singulier ; on fait figurer en tête le dernier des quatre fils, l’enfant dont Voltaire admira si vivement la grâce et l’ingénuité ; on ne nomme qu’après lui Pierre, le compagnon de captivité de leurs parents, accusé comme eux et détenu plus longtemps que sa mère. Louis, dont on avait obtenu le consentement, mais qu’on n’estimait pas, figure le dernier. (Note du premier éditeur.)
  3. Le Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, page 13.
  4. N° 4872.