Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/35

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on sera irrité contre Helvétius, à qui le livre est dédié[1]. Il semble que l’auteur ait tâché de réunir les princes et les prêtres contre lui ; il faut tâcher de faire voir au contraire que les prêtres ont toujours été les ennemis des rois. Les prêtres, il est vrai, sont odieux dans ce livre, mais les rois le sont aussi. Ce n’est pas le but de l’auteur ; mais c’est malheureusement le résultat de son ouvrage. Rien n’est plus dangereux ni plus maladroit. Je souhaite que le livre ne fasse pas l’effet que je crains ; les frères doivent toujours respecter la morale et le trône. La morale est trop blessée dans le livre d’Helvétius, et le trône est trop peu respecté dans ce livre qui lui est dédié.

Les frères seraient bien abandonnés de Dieu s’ils ne profitaient pas des heureuses circonstances où ils se trouvent. Les jansénistes et les molinistes se déchirent, et découvrent leurs plaies honteuses : il faut les écraser les uns par les autres, et que leur ruine soit le marchepied du trône de la vérité.

J’embrasse tendrement les frères en Lucrèce, en Cicéron, en Socrate, en Marc-Antonin, en Julien, et en la communion de tous nos saints patriarches.


4819. — À. M.  DUCLOS.
Aux Délices, 30 janvier.

Toutes mes lettres, monsieur, doivent être des remerciements pour l’Académie et pour vous. J’espère profiter beaucoup des remarques sur Héraclius. J’ai l’honneur de vous envoyer le Menteur, et je ne pourrai soumettre le commentaire de Rodogune au jugement de l’Académie que lorsqu’il me sera revenu des mains de M. le cardinal de Bernis et de M. le duc de Villars, vos confrères.

L’édition est commencée d’aujourd’hui. Je me flatte que, malgré ma mauvaise santé, l’ouvrage pourra être présenté à l’Académie au bout de l’année.

J’ai l’honneur d’être, avec autant d’attachement que de reconnaissance, etc.

  1. En tête des Recherches sur l’origine du despotisme oriental, ouvrage posthume de M. B. I. D. P. E. C. (M. Boulanger, ingénieur des ponts et chaussées), 1762, in-12, est une Lettre de l’auteur à M.*** (Helvétius).