Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/34

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comme vous, l’État donnerait beaucoup moins, et encouragerait beaucoup plus.

Adieu, mon cher philosophe ; portez-vous bien, écrivez-moi quelquefois, et surtout moquez-vous de tout : car il n’y a que cela de solide.

Le vicaire général des jésuites fait dire qu’au moyen de cet arrangement il va y avoir en France un vice-général de plus : voilà de quoi vivent les Parisiens.


4817. — À M.  DE CHENEVIÈRES[1].
Aux Délices, 29 janvier.

Mon cher confrère en Apollon, je suis très-sensible aux soins que vous avez pris de faire parvenir mes lettres à ma nièce[2]. Il n’importe qu’elles soient contre-signées ou qu’elles ne le soient pas. C’est toujours un bon office que vous avez la bonté de nous rendre.

On dit beaucoup dans Paris que le roi de Prusse a la goutte dans la poitrine et dans la tête ; il est vrai qu’il a eu souvent dans la tête et dans le cœur des choses plus dangereuses que la goutte, j’entends plus dangereuses pour le prochain.

On dit que l’impératrice de Russie, de son côté, est tombée en apoplexie. Voilà les nouvelles du Nord et de l’Orient ; vous ne me mandez jamais celles de l’Occident.

Avez-vous été voir le Droit du Seigneur, ou l’Écueil du Sage ? Cette pièce est d’un académicien de Dijon, à qui je m’intéresse beaucoup. Je vous prie de me mander si elle a eu quelque succès, car il faut toujours encourager les jeunes gens.


4818. — À M.  DAMILAVILLE.
30 janvier.

Je m’étais trompé, mon frère ; ce n’était point le Despotisme oriental que j’avais lu en manuscrit. Je viens de lire votre imprimé ; il y a de l’érudition et du génie. Il est vrai que ce système ressemble un peu à tous les autres : il n’est pas prouvé ; on y parle trop affirmativement quand on doit douter, et c’est malheureusement ce qu’on reproche à nos frères.

D’ailleurs je suis très-fâché du titre ; il indisposera beaucoup le gouvernement, s’il vient à sa connaissance. On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gouverné ni par Dieu ni par les hommes ;

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Madame de Fontaine.