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5155. — À M.  FYOT DE LA MARCHE[1].
À Ferney. 23 janvier.

Je reçois dans le moment une lettre de M. Tronchin, le fermier général, par laquelle il me demande le billet et le double du billet pour vous les remettre lui-même. J’écris à Lyon, mon respectable et aimable magistrat ; je mande à l’associé de M. Tronchin qu’il envoie sur-le-champ ces billets que je comptais vous faire parvenir en droiture. À leur défaut, je vous renvoie la procuration, qui n’aura plus lieu moyennant l’arrangement que vous prenez : les vingt mille livres serviront toujours de dot à Mlle  Corneille. Nous la marions, selon toutes les apparences, à un autre Bourguignon, au fils d’un maître des comptes de Dôle, notre voisin, jeune officier très-aimable[2]. On dit que vous n’étiez pas trop content de la famille Cormont[3]. Je ne veux point d’un gendre qui vous déplaise. Si vous étiez à la Marche, la noce viendrait danser dans votre parc. Les yeux me font mal, les neiges m’aveuglent. Je ne peux écrire longtemps ; sans cela je vous écrirais huit pages. V.


5156. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
23 janvier.

Divins anges, vous peignez les seigneurs genevois[4] du pinceau de Rigault : nous verrons si le prince[5] fera donner de bons ordres pour les souscriptions.

Je me hâte de justifier Mlle  Corneille, que vous accusez avec toutes les apparences de raison. Or vous savez qu’il ne faut pas toujours condamner les filles sur les apparences. Il est vrai qu’elle a fait plus de progrès dans la comète et le trictrac que dans l’orthographe, et qu’elle met la comète pour neuf plus aisément qu’elle n’écrit une lettre ; mais le fait est qu’à l’aide de Mme  Denis, qui lui sert en tout de mère, elle est venue à bout

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. M.  Dupuits, cornette de dragons.
  3. Il avait été question pour Mlle  Corneille du fils de M. de Colmont de Vaugrenant, commissaire des guerres à Chalon-sur-Saône, lequel possédait un fief voisin du marquisat de la Marche. (Lettre à d’Argental, 16 décembre 1762.)
  4. Les frères Cramer.
  5. Philibert Cramer.