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Mandez-moi, je vous prie, mon cher frère, si vous avez reçu tous mes paquets, et engagez tous mes frères à poursuivre l’inf… de vive voix et par écrit, sans lui donner un moment de relâche.

Votre passionné frère. V.


4828. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
Aux Délices, par Genève, 4 février 1762.

Madame, je crains d’envoyer par la poste à Votre Altesse sérénissime une tragédie[2] où elle ne verra, du moins, que les malheurs du temps passé. Si elle l’ordonne, je tenterai cette voie. Heureux si elle peut se plaire quelques moments à voir dans les infortunes de l’antiquité un faible crayon des calamités qui affligent aujourd’hui la terre ! Puisse le nouveau gouvernement de la Russie contribuer à faire cesser les douleurs et les alarmes publiques[3] !

Je m’occupe actuellement à l’édition de Pierre Corneille. J’espère mettre cet ouvrage à vos pieds à la fin de cette année. Si elle daigne faire parvenir à Mlle  Corneille les témoignages de sa bonté, elle peut me les faire adresser par son banquier de Francfort. Elle fait ses respectueux remerciements à Votre Altesse sérénissime. Je me mets aux pieds de son auguste famille avec le plus profond respect.


Le Suisse V.

4829. — DU CARDINAL DE BERNIS.
Du 4 février.

Je m’empresse, mon cher confrère, de vous faire mon compliment bien sincère sur le rétablissement de votre pension. J’en suis encore plus aise pour l’honneur des lettres que pour vous-même, quoiqu’il soit fort agréable d’éprouver les bontés de son maître et de faire un peu enrager ses ennemis.

Vous devez avoir reçu les remarques sur Rodogune, avec une lettre d’entière approbation. Toutes vos observations m’ont paru aussi justes que judicieuses.

Je viens de relire Cassandre[4]. Vos six semaines ont été bien emplovées. Il règne dans cette pièce une chaleur et un intérêt que je désirais à la première lecture. Voici une véritable tragédie où l’amour et l’ambition causent

  1. Editeurs, Bavoux et François.
  2. Olympie.
  3. Pierre III, qui succéda à Élisabeth, fit la paix avec Frédéric.
  4. Intitulée depuis Olympie ; voyez tome VI.