Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les appliquer à un roi qui a gagné deux batailles en personne ; qui a volé de Flandre en Allemagne ; qui a pris Fribourg en relevant d’une maladie mortelle ; qui tient conseil tous les jours, et qui est lui-même son premier ministre ? Tout cela est exactement vrai. Je ne peux croire qu’on lui ait fait l’outrage de mettre Marin à la Bastille. Je vous prie, mon cher frère, de me dire ce qui en est.

Voulez-vous bien avoir la bonté d’envoyer, par la petite poste, ce chiffon à Mme de Florian ?

Je soupire après les feuilles de l’Encyclopédie, que mon frère m’a promises.

J’embrasse toujours mes frères.


5250. — À M. PIERRE ROUSSEAU[1].
26 mars 1763.

J’ai écrit, monsieur, dès que j’ai reçu votre lettre, mais je n’ai pu écrire qu’en général, et vous jugez bien que la requête d’un solitaire des Alpes a très-peu d’effet à Paris et à Versailles, surtout quand elle n’est pas assez motivée. J’aurais désiré que vous m’eussiez instruit des prétextes qu’on a pris pour saisir vos effets : il faut apparemment qu’on vous suppose quelques dettes ou que vous ayez eu le malheur de transiger avec des personnes qui abusent de votre facilité. Il n’est que trop ordinaire aux gens de lettres de faire de mauvais marchés ; en ce cas, ne pourrait-on pas demander des arbitres et les faire agréer par M. le duc de Bouillon ? Cette voie me paraît la plus raisonnable, la plus courte, et la moins dispendieuse. Je ne vois pas d’ailleurs qu’on puisse vous empêcher de faire un journal : c’est un travail que tout le monde peut entreprendre, et s’il y a quelque avantage c’est pour celui qui réussit le mieux.

Je conçois encore moins comment on a pu saisir les effets de madame votre femme, sans quelque sentence juridique obtenue en vertu de quelque dette contractée ou de quelque acte de société. Vous me laissez dans une ignorance totale de ce qu’il était nécessaire de savoir pour vous rendre service. Il ne tient qu’à vous de m’envoyer un détail exact qui puisse autoriser mon zèle : il est très-vif et très-sincère, mais il a besoin d’être éclairé.

J’ai l’honneur, etc.

  1. Le mst est à la Bibliothèque royale de Belgique, sous le n° 11583. — Communiquée par M. F. Brunetière.