Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/460

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Puisque me voilà sur l’article du tripot, je vous avouerai que j’ai du faible pour le Droit du Seigneur, et que l’ouvrage me paraît neuf et piquant. J’ai peut-être tort ; je sens encore entrailles de père pour Olympie. Croyez-moi, cela fait un beau spectacle. Je compte les yeux pour quelque chose. Une petite fille tendre, naïve, avec un petit grain de noblesse et de fermeté, est plus mon affaire pour Olympie qu’une héroïne fière, vigoureuse, connaissant toutes les finesses de l’art, et ayant l’air d’avoir rôti le balai. Olympie ressemble plus à Zaïre qu’à Cornélie.

Passons à la prose, mes anges. Je mets à l’ombre de vos ailes ce tome[1] du Czar Pierre. Lisez les chapitres sur la Religion[2] et sur la mort d’Alexis[3].

Il y a une autre prose plus intéressante, c’est celle des derniers chapitres de l’Histoire générale[4]. J’estime qu’il faut absolument que ni M.  de Malesherbes ni personne n’en permettent l’entrée en France avant que mes anges et leurs amis aient donné leur approbation, et qu’ils aient indiqué ce qui pourrait trop déplaire. On sait bien qu’il faut dire la vérité, mais les vérités contemporaines exigent quelque discrétion.

Mes anges, nous baisons tous le bout de vos ailes.


5262. — À M.  MARMONTEL.
3 avril.

Vous m’écrivez, mon cher ami, le dimanche des Rameaux, et moi, je vous écris le dimanche de Pâques. Laissez-moi faire : je me charge de faire entendre raison aux personnes dont vous parlez. Vous moquez-vous du monde de m’envoyer votre Poétique[5] par les frères Cramer ? Je ne l’aurai que dans un mois. Je suis sûr qu’il y a des choses excellentes ; je veux la citer dans le Commentaire de notre père Pierre[6] : cela ne sera peut-être pas inutile pour nos desseins académiques. On imprime notre père à force ; il n’y a pas un moment à perdre. Envoyez-moi, je vous prie, votre Poétique par la poste, contre-signée le généreux Bouret.

  1. Le tome second, faisant aujourd’hui la seconde partie de l’Histoire de Russie.
  2. Tome XVI, page 602.
  3. Tome XVI, page 571.
  4. Voyez dans l’Avertissement de Bouchot, tome XV, page 147, la concordance des chapitres de 1763 avec les chapitres actuels du Précis du Siècle de Louis XV.
  5. Poétique française, par Mamontel, 1763, deux volumes in-8°, dont le second est en deux parties.
  6. Elle y est en effet citée ; voyez tome XXXII, page 299.