Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/489

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ressemblent aux moines, qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans le monde que ce qui se passe dans leur couvent.

J’ai peine à concilier ce que dit l’auteur des remarques sur les billets de confession, en deux endroits différents. Au premier, il prétend qu’il n’est pas dans l’exacte vérité « qu’il fallait que ces billets fussent signés par des prêtres adhérant à la bulle, sans quoi point d’extréme-onction, point de viatique ». Et, au second endroit, il dit que « dans les remontrances du parlement on prouvait jusqu’à la démonstration combien il était absurde d’attacher la réception ou l’exclusion des sacrements à un billet de confession ».

Il dit donc précisément ce que j’ai dit, et ce qu’il me reproche d’avoir dit.

Je vois en général, et vous le voyez bien mieux que moi, qu’il règne dans les esprits un peu de chaleur et de fermentation. J’ai été de sang-froid quand j’ai fait cette histoire ; on est un peu animé quand on la critique. Mes anges conciliants ont pris un mezzo termine dont, encore une fois, je ne peux trop les remercier. Si le parlement brûle le livre, ce sera donc vous qu’il brûlera ; je serai enchanté d’être incendié en si bonne compagnie.

Je tâcherai de servir M. le duc de Praslin dans sa Gazette littéraire, qu’il protège. S’il le veut, je ferai moi-même les extraits[1] de tout ce qui paraîtra en Suisse, où l’on fait quelquefois d’assez bonnes choses : on me gardera le secret ; mais probablement monsieur l’ambassadeur en Suisse, et monsieur le résident à Genève, seront plus instruits que je ne pourrai l’être, et mon travail ne serait qu’un double emploi.

Il me semble que les yeux chez un de mes anges et chez moi ne sont pas notre fort ; j’en ai vu de fort beaux à l’un des deux anges, et je vois que ceux-là ne perdent rien de leur vivacité.

Toujours à l’ombre de vos ailes.

N. B. Je viens de dicter quelques extraits d’ouvrages nouveaux qui ne sont pas indifférents ; je les enverrai à M. de Montpéroux, notre résident, afin qu’il en ait le mérite, si la chose comporte le mot de mérite ; et quand on sera content de cet essai, je continuerai, supposé qu’il me reste au moins un œil.

  1. Voyez tome XXV, pages 151 et suiv. ; la Gazette littéraire ne commença à paraître qu’en 1764.