Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/500

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pour m’arrondir est sujet aux charges de l’État. C’est peu de chose, et il est très-juste de payer des taxes nécessaires ; mais on devait donc avertir, dans l’édit, que le troisième vingtième supprimé se payerait cette année.

À présent, mon cher frère, je parle aux philosophes ; le cœur me saigne toujours de les voir dispersés et peu unis : ils ne font pas tout le bien qu’ils pourraient faire ; ils pourraient, s’ils s’entendaient, faire triompher la raison. Le premier service est, ce me semble, d’ôter l’ivraie et les chardons de la terre qu’on cultive, et c’est à quoi le Jean Meslier me paraît bien propre.

Ce bonhomme, qui ne prétend à rien, et qui avertit les hommes en mourant, est un merveilleux apôtre. Ne puis-je vous envoyer quelques Meslier par M. de Courteilles, dont les paquets ne sont jamais ouverts ?

On dit que la Mort de Socrate est froide[1] : je m’y attendais, mais j’en suis bien fâché. La philosophie n’est pas faite pour le théâtre, à moins qu’un intérêt très-grand et des passions très-vives ne soutiennent la pièce.

Que fait Thieriot ? que font les frères ?

Faites-moi l’amitié, je vous prie, défaire parvenir l’incluse à M. Marmontel.


5306. — À M. COLINI.
2 juin.

J’ai reçu votre paquet, mon cher historiographe ; en vous faisant mes remerciements, j’y ajoute une prière. Son Altesse électorale a une suite de médailles de monnaies papales. Nous n’avons pas de telles curiosités à Genève. Je vous prie instamment de voir si le mot Dominus se trouve dans la monnaie de quelque pape ; et en cas que vous trouviez un Dominus, ou Domnus, ou Domn, mandez-moi, je vous prie, à quel pape il appartient. Cette connaissance m’est nécessaire pour éclaircir un point d’histoire. À qui puis-je mieux m’adresser qu’à un historiographe[2] ? N’auriez-vous point aussi dans votre belle bibliothèque quelque notice concernant la Bulle d’Or ? Les derniers articles furent, comme vous savez, promulgués à Nuremberg, en présence du dauphin de France, qui faisait là une pauvre figure, et qui fut placé au-dessous du cardinal d’Albe. Ce dauphin est celui qui fut depuis le roi Charles V. Auriez-vous quelque paperasse concernant cette

  1. Voyez la note, pagge 483.
  2. Voyez la lettre 5248.