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mettre dans les papiers publics le petit Avertissement daté de la sainte ville de Genève[1]. Il faut être bien méchant pour avoir mis mon nom là. Mes méchancetés à moi se terminent au Pauvre Diable, au Russe à Paris, aux Pompignades, aux Berthiades, à l’Écossaise ; mais aller au criminel, ah ! fi !

Respect et tendresse. Au bout de vos ailes.


5373. — À M. D’HORNOY,
conseiller au parlement.
Aux Délices, 14 auguste.

Mon cher neveu, je ne doute pas qu’avec votre minois et votre ventre également rebondis, vous n’ayez un furieux crédit en parlement. Je mets entre vos mains l’affaire la plus importante. Il s’agit d’une farce anglaise[2] indignement tirée de la sainte Écriture, qu’on dit faite par ces coquins d’Anglais, qui ne respectent pas plus l’Ancien Testament que nos flottes. Quelque polisson s’est avisé d’imprimer à Paris, et de débiter sous mon nom, cette facétie anglicane. Il est important pour votre salut que votre oncle ne soit pas excommunié, attendu qu’étant mon héritier, vous seriez damné aussi par le troisième concile de Latran. Je vous remets le soin de mon âme, et vous embrasse de tout mon cœur. Votre vieil oncle. V.


5374. — À M. PIERRE ROUSSEAU[3].
Ferney, 14 auguste.

Je ne sais, monsieur, ce que c’est que les Mélanges dont vous parlez ; j’ai depuis quelque temps très-peu de correspondances à Paris. L’aventure de Jean-Jacques Rousseau et sa Lettre un peu indécente à monsieur l’archevêque de Paris ont été un peu funestes à la correspondance des gens de lettres. Il n’a plus été permis d’envoyer aucun imprimé par la poste ; je sais seulement

  1. C’est l’Avertissement qui est à la suite de la lettre 5371.
  2. Saül ; voyez tome V, page 571.
  3. Je laisse cette lettre à la date que lui a donnée M. A-A. Renouard à la page 282 du volume de Lettres inédites de Voltaire, 1822, in-8o. Cette date a été conservée jusqu’à ce jour ; mais ce n’est pas sans quelque doute que j’agis de même. C’est à la page 138 du cahier du 1er décembre que, dans le Journal encyclopédique, on annonce deux volumes de Mélanges de M. de Voltaire pour servir de Supplément à l’édition de 1751 en vingt-deux volumes. (B.)