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Je serais curieux de voir ce Saül qu’on a la méchanceté de mettre sous mon nom. Écr. l’inf…


5392. — À M.  LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
30 auguste 1763, à Ferney.

Mon cher président, quand vous me mandez qu’on viendra dans mon petit pays, pourquoi ne me mandez-vous pas que vous viendrez aussi ? Je ne réponds point à monsieur le premier président[2], qui a bien voulu me faire part de son voyage. Vous m’avez mandé qu’il serait le 31 dans le pays genevois. Ma réponse est de l’attendre. Je voudrais bien aller voir le père à la Marche, mais je perds la vue, je n’ai point de santé, et je ne peux quitter ni Corneille, qui est bientôt fini, ni mes ouvrages de campagne, que je préfère infiniment à Pertharite, à Théodore, Suréna, Attila, Othon, Pulchérie, etc., qui ne valent pas un char de regain.

Je vous aime, je vous estime, je vous respecte. V.


5393. — À M.  DAMILAVILLE.
1er septembre.

J’ai reçu la tragédie hébraïque[3] dont mon cher frère a bien voulu me régaler : cet ouvrage est sans doute de quelque jeune prêtre gaillard, tout plein de sa sainte Écriture, lequel a travaillé dans le goût du révérend père Berruyer. L’éditeur est aussi un plaisant ; les noms des personnages sont à faire mourir de rire : la Pythonisse fameuse sorcière en Israël, etc.

Mais l’éditeur a un peu manqué à la probité en fourrant là mon nom ; il m’a toujours paru que messieurs les libraires avaient, pour la probité, une extrême négligence.

Je ne crois pas qu’on soit assez bête à Paris pour traiter sérieusement les amours du bon roi David. Je voudrais bien savoir si Lefranc de Pompignan a traduit en vers magnifiques la belle chanson de l’oint du Seigneur : Beatus qui tenebit et allidet parvulos ad petram[4]. L’oint du Seigneur était furieusement vindicatif.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Jean-Philippe Fyot de La Marche, mort en 1772, fils du contemporain de Voltaire.
  3. Saül ; voyez tome V, page 571.
  4. Psaume cxxxvi, verset 9.