Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/135

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il joue très-bien aux échecs, dit la messe fort proprement : enfin c’est un jésuite[1] dont un philosophe s’accommoderait. Pourquoi faut-il que nous soyons si loin l’un de l’autre, en demeurant sur le même fleuve !

Je suis bien aise que messieurs d’Avignon sachent que c’est moi qui leur envoie le Rhône ; il sort du lac de Genève, sous mes fenêtres, aux Délices. Il ne tient qu’à vous de venir voir sa source ; vous combleriez de plaisir votre vieux serviteur, qui ne peut vous écrire de sa main, mais qui vous sera toujours tendrement attaché.


5560. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
12 février.

Si Pygmalion la forma,
Si le ciel anima son être,
L’amour fit plus, il l’enflamma.
Sans lui que servirait de naitre ?


Si mes anges trouvent ces versiculets supportables, à la bonne heure, sinon au rebut. J’aurai du moins eu le mérite de leur avoir obéi sur-le-champ, et c’est un mérite que j’aurai toujours.

Mes anges me donnent de très-bonnes raisons d’avoir mis Lekain de la conspiration ; ils ont très-bien fait, je les applaudis ; je leur ai toujours dit : « Votre volonté soit faite ; » mais je joins l’approbation à la résignation.

Je répète à mes anges que la nation a enfin trouvé son vrai génie, sa vraie gloire, qui est l’opéra-comique. On me mande pourtant qu’il y a de très-belles choses dans Idoménée. car je suis encore assez bon Français pour aimer le tripot de Melpomène.

Je joins ici la liste des tripotiers, que mes anges me demandent ; j’y joins aussi un petit extrait pour la Gazette litérraire, dont j’envoie le double à M. Arnaud ; je l’ai cru digne de votre curiosité. Tout Ferney (au curé près) remercie mes anges et M. le duc de Praslin. Bien est-il vrai que M. le duc de Praslin m’a fait tenir hier un petit paquet de je ne sais où, et qui contient les Sermons dont j’envoie l’extrait ; mais pour le gros paquet délivré à M. le comte de Guercliy par Paul Vaillant, shérif de Londres, je n’en ai point de nouvelle ; et tout ce que je peux

  1. Le Père Adam ; voyez tome XXVII, page 408.