Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/262

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des Calas ! J’apprends, mes divins anges, qu’il s’est tenu un conseil où vous avez admis la pauvre veuve. Vos bontés ne se refroidissent point ; vous avez un grand avantage sur les autres hommes, c’est que vos vertus sont persévérantes. Vous ne me parlez point de la lettre de M. Panckoucke et de ma réponse[1] ; la chose est pourtant plaisante, et mériterait d’être connue.

Je n’ai encore rien d’Italie : les Italiens, par ce temps-ci, ne font que la méridienne.

Je vous ai envoyé l’Éloge d’Algarotti[2], qui figurera bien dans la Gazette littéraire. Je vous ai écrit par M. le duc de Praslin et par M. de Courteilles ; celle-ci sera sous l’enveloppe de M. l’abbé Arnaud. Remarquez, s’il vous plaît, que nous nous sommes rencontrés sous le masque de Don Pèdre. J’ai confié à M. de Thibouville que je travaillais fortement à ce Don Pèdre : serait-il assez méchant pour m’avoir gardé le secret ?

Adieu, mes divins anges ; rions, mais surtout que Mme d’Argental n’ait plus son rhumatisme : il n’y a pas là de quoi rire.


5687. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[3].
Paris, 25 juin 1764.

Vous êtes bien récalcitrant, de refuser de voir Mme de Jaucourt, la petite-fille de Mme de Harenc[4], la meilleure de mes amies, qui m’avait priée d’obtenir cette faveur. Comme je ne veux point vous tromper, je ne vous dirai point ce qu’elle pense de saint Augustin et de Calvin ; mais j’ai peine à croire qu’elle ne les sacrifiât pas volontiers au plaisir de passer une journée chez vous. Ah ! vous la verrez, j’en suis sûre ; vous ne voudriez pas que je vous eusse sollicité en vain ; elle a assez d’esprit pour être charmée de vous, et sûrement assez de vanité pour se faire un grand honneur de vous avoir vu ; après ceci je ne vous en parlerai plus.

J’ai vu un homme qui est bien content d’une visite qu’il vous a rendue à Ferney : c’est milord Holderness. Il dit que vous n’avez que vingt-cinq ans, que vous êtes gai, vif, animé, abondant, enfin que vous l’avez charmé. Je charmerai ce soir M. Hume, en lui lisant votre lettre. Vous êtes content de ses ouvrages, vous le seriez de sa personne ; il est gai, simple et bon. Les esprits anglais valent mieux que les nôtres, c’est bien mon avis ; je ne leur trouve point le ton dogmatique, impératif ; ils disent des vérités plus fortes

  1. Voyez tome XXV, pages 254 et 255.
  2. Tome XXV, page 195.
  3. Correspondance complète, édition Lescure, 1865.
  4. La même Mme de Harenc dont il est parlé si souvent dans les Mémoires de Marmontel.