Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/496

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boire lorsqu’il était laquais chez M. de Maucroix. Cela forme des liaisons dont on se souvient toujours avec tendresse.

Cet abbé d’Étrée, après avoir quitté la livrée, se fit aide de camp dans les troupes de Fréron ; il composa l’Almanach des Théâtres ; ensuite il se mit à faire des Généalogies, et surtout il a fait la sienne.

J’eus le malheur de ne lui point faire de réponse, et même de me moquer un peu de lui. Il s’en alla chez M. de La Roche-Aymon à la campagne ; le procureur général a une terre tout auprès ; il ne manqua pas de dire au procureur général que j’étais l’auteur du Portatif. Je parai ce coup comme je le devais. Il est incontestable que le Portatif est de plusieurs mains, parmi lesquelles il y en a de respectables et de puissantes ; j’en ai la preuve assez démonstrative dans l’original de plusieurs articles écrits de la main de leurs auteurs.

Je vous remercie infiniment, mon héros, d’avoir bien voulu me défendre ; il est juste que vous protégiez les philosophes.

Je viens aux reproches que vous me faites de n’avoir pas parlé du débarquement des Anglais auprès de Saint-Malo, et de l’échec qu’ils y reçurent. Je vous supplie de considérer que l’Essai sur l’Histoire générale n’entre dans aucun détail de cette dernière guerre ; que l’objet est d’indiquer les causes des grands événements, sans aucune particularité ; que les conquêtes des Anglais ne contiennent pas quatre pages ; que je n’ai même dit qu’un mot de la prise de Belle-Isle, parce que ce n’est pas un objet de commerce, et que cette prise n’influait pas sur les grands intérêts de la France. Je n’ai fait voir les choses, dans ce dernier volume, qu’à vue d’oiseau. Je n’ai guère particularisé que la prise de Port-Mahon ; et, en vérité, je ne crois pas que ce soit à mon héros à m’en gronder.

Si j’avais détaillé un seul des derniers événements militaires, je n’aurais pas manqué assurément de dire comment les Anglais furent repoussés auprès de Saint-Malo, et je ne manquerai pas d’en parler dans la nouvelle édition qu’on va faire[1].

Vous avez bien raison de dire, monseigneur, que les Genevois ne sont guère sages ; mais c’est que le peuple commence à être le maître dans cette petite république. Loin d’être une aristocratie comme Venise, la Hollande, et Cerne, elle est devenue une

  1. Voltaire s’occupait alors d’une nouvelle édition de son Siècle de Louis XIV, qui parut en 1768, et forme quatre volumes, dans lesquels est compris le Précis du Siècle de Louis XV, où il est en effet question de l’échec des Anglais ; voyez tome XV, page 370.