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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/501

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jours, et je suis affligé quand je vois des gens qui en parlent avec tiédeur.

J’espère que je verrai bientôt le Siège de Calais imprimer, et que j’applaudirai avec connaissance de cause. On peut très bien envoyer par la poste, à Genève, des livres contre-signés ; mais il n’en est pas de même de Genève à Paris : vous permettez l’exportation, mais non pas l’importation.

Je ne sais ce qu’a le tyran du tripot, mais il est toujours plein de mauvaise humeur, et il ne laisse pas de me le faire sentir. L’ex-jésuite prétend qu’il faut qu’il attende encore quelque temps pour revoir les roués[1], que les Romains ne sont pas de saison, qu’il faut attendre des occasions favorables : voyez si vous êtes de cet avis. Je suis d’ailleurs occupé actuellement à augmenter ma chaumière, et si je m’adressais à Apollon, ce serait pour le prier de m’aider dans le métier de maçon. On dit qu’il s’entend à faire des murailles ; cependant ses murailles sont tombées comme bien d’autres pièces.

Mais pourquoi M. Fournier[2] souffre-t-il que Mme d’Argental tousse toujours ? Je me mets à ses pieds ; ma petite famille vous présente à tous deux ses respects.


5943. — À M. D’ALEMBERT.
16 mars.

Frère Gabriel, mon cher destructeur, obéit ponctuellement à vos ordres ; la Destruction sera magnifiquement reliée, et envoyée à sa destination. Mme Denis a dévoré ce petit livre, qui contient deux cent trente-cind pages, le seul de tous les livres qui restera sur ce procès, qui a produit tant de volumes. Je vous réponds que, quand il sera arrivé à Paris, il sera enlevé en quatre jours. Je suis fâché que vous ayez oublié que notre ami Fréron a été jésuite, et que même il a eu l’honneur d’être chassé de la Société ; cela aurait pu vous fournir quelque douce et honnête plaisanterie.

Je voudrais bien savoir qu’est devenu le petit jésuite derrière lequel marchait Lefranc de Pompignan à la procession de son village. Est-il vrai que le jésuite qui avait enfondré le cul[3] du

  1. La tragédie du Triumirat.
  2. Médecin de M. et de Mme d’Argental.
  3. Les choses n’allèrent pas tout à fait si loin. « Mon ami, dit la princesse à son fils, quelles étrennes faut-il donner à votre préfet ? — Maman, il faut lui don-