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6009. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
À Ferney, 6 mai.

Je suis toujours, mon cher monsieur, dans le même état, à cela près que je vieillis tous les jours ; il faut renoncer à tous les plaisirs, excepté à celui d’être aimé de vous. Jouissez de tous ceux que votre bonne santé, et votre esprit encore meilleur, peuvent vous procurer. Le goût des lettres et celui d’une véritable philosophie feront vos délices dans un pays où il y a bien peu de philosophes. Faites fleurir votre théâtre, tandis que je détruis le mien. Consolez-moi en exerçant un art auquel je suis forcé de renoncer, et conservez-moi des bontés auxquelles vous savez combien je suis sensible.



6010. — À M. DAMILAVILLE[2].
6 mai.

Mon cher frère, je croyais que le tableau et la gravure[3] dont vous m’aviez parlé étaient faits, et qu’il ne s’agissait plus que d’acheter des estampes. Mettez-moi au rang des souscripteurs, de quelque manière que ce puisse être et de quelque manière que vous l’entendiez. Les noms de Calas et de Sirven remplissent mon cœur autant que les persécuteurs l’indignent.

Remarquons pourtant, à la gloire de notre siècle, que le public se soulève contre les fanatiques du Languedoc, et qu’Omer est l’objet du mépris général. Le nombre des honnêtes gens qui embrassent la vérité augmente tous les jours ; ils émoussent le glaive du fanatisme. Oh ! si les fidèles avaient la chaleur de votre belle âme, que de bien ils feraient ! Oh ! le beau chœur de musique qui finirait par : Écrasez l’infâme !


6011. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT[4].
8 mai.

Le sieur Potin, l’un des clients du véritable Élie, du protecteur des opprimés, présentera à son défenseur le procès

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. De la famille Calas.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François. — Ces éditeurs avaient classé mal à propos ce billet à l’année 1764.