Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/131

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dans Adélaïde ; et ces deux vers se trouvent dans une lettre ci-jointe à Lekain[1], laquelle je soumets à la protection de mes anges.

La seconde est une billevesée[2] d’une autre espèce, qui fera voir à mes anges combien je suis impartial, ami de la paix, exempt de ressentiment, équitable, et peut-être ridicule.

Plusieurs membres du conseil de Genève et plusieurs citoyens sont venus tour à tour chez moi, et m’ont exposé les sujets de leurs divisions. J’ai pris la liberté de leur proposer des accommodements. Il y a quelques articles sur lesquels on transigerait dans un quart d’heure ; il y en a d’autres qui demanderaient du temps, et surtout plus de lumières que je n’en ai. Mon seul mérite, si c’en est un, est de jouer un rôle diamétralement opposé à celui de Jean-Jacques, et de chercher à éteindre le feu qu’il a soufflé de toutes les forces de ses petits poumons. J’ai mis par écrit un petit plan de pacification qui me paraît clair et très-aisé à entendre par ceux qui ne sont pas au fait des lois de la parvulissime république de Genève ; donnez-vous, je vous en prie, le plaisir ou l’ennui de lire ma petite chimère ; je ne veux pas la présenter aux intéressés avant que vous m’ayez dit si elle est raisonnable. Je crois qu’il faudrait préalablement la montrer à deux avocats de Paris, afin de savoir si elle ne répugne en rien au droit public et au droit des gens. Ensuite je vous prierai de la faire lire à M. de Saint-Foix, à M. le marquis de Chauvelin, à M. Hennin, et enfin à M. le duc de Praslin ; mais non pas à M. Crommelin, parce qu’il est partie intéressée, et que, malgré tout son esprit et toute sa raison, il peut être préoccupé.

Si M. le duc de Praslin approuvait ce plan, je le proposerais alors au conseil de Genève, et ce serait un préliminaire de la paix que M. Hennin ferait à son arrivée. Je ne me mêlerai plus de rien, dès que M. Hennin sera ici ; je ne fais que préparer les voies du Seigneur[3].

Je sais bien, mes divins anges, que M. le duc de Praslin a maintenant des affaires plus importantes. Je vois avec douleur que les parlements, à force d’avoir demandé des choses qui ont paru injustes, succomberont peut-être dans une chose juste, et que la France ne sera pas du diocèse de Novogorod-la-Grande[4].

  1. La lettre du 25 novembre, n° 6162.
  2. Ce doit être le mémoire dont il est question dans la lettre 6191.
  3. « Viam Domini. » (Isaïe, xi, 3.)
  4. Allusion aux principes exposés dans son Mandement du révérendissime Père en Dieu Alexis, archevêque de Novogorod-la-Grande ; voyez tome XXV, page 345.