Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/137

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de Mme  Duchêne de faire cette addition. Il lui fait ses compliments.

L’auteur, en lisant cette pièce dont il n’a pu ni voir la représentation ni conduire l’impression, a été étonné d’y trouver des vers qui non-seulement ne sont pas de lui, mais que même il ne peut entendre.

On trouve à la page 30 :


Non, c’est pour obtenir une paix nécessaire.
Gardez d’être réduit au hasard dangereux
Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux.


Il ne sait ni de quels chefs de l’État, ni de quels vœux on veut parler : ce vers ne lui a pas paru intelligible. Apparemment que les comédiens ayant fait ce qu’ils appellent des coupures, ils ont fait aussi ce vers, que l’auteur ne comprend pas.

Il y a dans son manuscrit :


Non, c’est pour obtenir une paix nécessaire.
Les Anglais la feront, et peut-être sans vous.
Laissez à l’intérêt désarmer le courroux.
Tous les chefs de l’État, lassés de ces ravages,
Cherchent un port tranquille après tant de naufrages.
Ne vous exposez point au hasard dangereux
De vous voir ou trahir ou prévenir par eux.


L’habitude où sont les acteurs de faire ainsi des changements à la plupart des pièces qu’ils jouent les oblige quelquefois à gâter le style. On ne s’en aperçoit pas à la représentation ; les libraires impriment sur la copie qui est entre les mains des comédiens, de sorte qu’une pièce tolérée au théâtre devient très-défectueuse à la lecture : ce qui fait tort également à l’intérêt de l’éditeur et au soin que tout écrivain doit avoir de son art, quelque peu de cas qu’il fasse de ses ouvrages.

Cet avertissement est indispensable.


6171. — À M.  CAILHAVA[1].
Au château de Ferney, 30 novembre.

Je ne puis trop vous remercier, monsieur, de la bonté que vous avez eue de me faire partager le plaisir que vous avez donné

  1. Jean-François Cailhava d’Estandoux, né à Toulouse le 28 avril 1731, mort à Sceaux le 21 juin 1813, avait fait jouer, le 30 septembre 1765, sur le Théâtre--