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6189. — À M. BEAUMONT-JACOB[1].
À Ferney, 16 décembre.

Je vous envoie, monsieur, le double de votre compte signé de moi. Il n’est pas possible que M. Sahler, ou un autre négociant, vous donne un demi pour cent de commission, outre un demi pour cent d’escompte. Cela ferait douze pour cent par an ; ce qui serait exorbitant et ruineux pour lui.

S’il vous convient, monsieur, qu’on stipule que vous serez toujours payé au bout de trois mois, cela vous fera par an une somme assez honnête. On pourra bien demander qu’il soit permis de vous payer quelquefois au bout de deux mois ; mais je crois que cela sera très-rare. M. Sahler est, je crois, un négociant de Montbéliard, associé du trésorier du comté de Montbéliard et dépendances. Je crois que son principal négoce consiste dans les forges de Montbéliard, et des terres de Franche-Comté. Voilà tout ce que je peux vous en dire pour le présent. Je lui ai écrit. J’attendrai sa réponse, et je serai toujours prêt à vous marquer, monsieur, les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.


6190. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Au château de Ferney, 17 décembre 1765.

Madame, je ne saurais voir finir cette année sans souhaiter les plus nombreuses et les plus heureuses à Votre Altesse sérénissime, à toute votre auguste famille, et à la grande maîtresse des cœurs. Il y a plus de douze ans que je vis dans ma retraite, et il y a tout juste ce temps-là que je regrette les plus agréables moments de ma vie. Ma vieillesse et mes maladies ne me permettent pas de me mettre aux pieds de Notre Altesse sérénissime aussi souvent que je le voudrais ; mais le cœur n’y perd rien ; il est toujours plein de vos bontés ; je m’informe, à tous les Allemands qui voyagent dans nos cantons, de votre santé et de tout ce qui vous intéresse. J’ignore actuellement si vous n’avez point eu quelque ressentiment d’une incommodité passagère, dont vous me parliez dans la dernière lettre dont vous m’avez honoré. Je par-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.