Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/194

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de pouvoir consulter, à Paris, les avocats en qui vous avez confiance, quoique vous n’ayez pas besoin de les consulter. Lorsque enfin M.  le duc de Praslin aura approuvé les lois proposées, vous viendrez nous apporter la paix et le plaisir.

M. Hennin signera après vous, non-seulement le traité, mais l’établissement de la Comédie. Ce qui reste dans Genève de pédants et de cuistres du xvie siècle perdra ses mœurs sauvages : ils deviendront tous Français. Ils ont déjà notre argent, ils auront nos mœurs : ils dépendront entièrement de la France, en conservant leur liberté.

M. Hennin est homme du monde le plus capable de vous seconder dans cette belle entreprise ; il est plein d’esprit et de grâces, très-instruit, conciliant, laborieux, et fait pour plaire aux gens aimables et aux barbares.

Au reste, le jeune ex-jésuite[1] vous attend après Pâques. Je vous répète qu’on est très-content de sa conduite dans la province. Il n’a eu nulle part ni au Dictionnaire philosophique, ni aux Lettres des sieurs Covelle et Beaudinet ; il a toujours preuve en main. Il dit qu’il est accoutumé à être calomnié par les Fréron, mais que l’innocence ne craint rien ; que non-seulement on ne peut lui reprocher aucun écrit équivoque, mais que s’il en avait fait dans sa jeunesse, il les désavouerait comme saint Augustin s’est rétracté. Il ne se départira pas plus de ces prinicipes que du culte de latrie qu’il vous a voué.


6235. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
17 janvier.

Je vous envoie, mes divins anges, le consentement plein de respect et de reconnaissance que les citoyens de Genève, au nombre de mille, ont donné à la réquisition que le petit conseil a faite de la médiation. Je leur ai conseillé cette démarche, qui m’a paru sage et honnête, et vous verrez que je les ai engagés encore à faire sentir qu’ils sont prêts à écouter les tempéraments que le conseil pourrait leur proposer ; mais j’aurais voulu qu’ils eussent proposé eux-mêmes des voies de conciliation. Quoi qu’il en soit, on a bien trompé la cour quand on lui a dit que tout était en feu dans Genève. Je vous répète encore qu’il n’y a jamais

  1. Voltaire voulait donner, comme étant d’un jésuite sa tragédie du Triumirat.