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ANNÉE 1766.
6344. — À M.  DAMILAVILLE.
17 mai.

Vous verrez, mon cher frère, par la lettre ci-jointe, que tous les souscripteurs ne pensent pas aussi noblement que vous, et qu’il y a quelquefois plus de générosité chez les Français que chez les Anglais.

Je n’entends plus parler de Fréret[1], qu’on disait imprimé en Hollande : vous me l’aviez promis, vous me l’aviez annoncé ; je suis abandonné de tous les côtés. La maladie de M.  de Beaumont et ses affaires retardent le mémoire de Sirven, et j’ai bien peur que tant de délais ne soient funestes à cette famille infortunée. Cette affaire ranimait ma langueur dans les maladies qui accablent ma vieillesse. Je trouve que le plaisir de secourir les hommes est la seule ressource d’un vieillard.

Je viens de lire une Histoire de Henri IV qui m’ennuie et qui m’indigne. Qui est donc ce M.  de Bury qui compare Henri IV à ce fripon de Philippe de Macédoine, et qui ose dire que notre illustre de Thou n’est qu’un pédant satirique ? Est-ce qu’on ne fera point justice[2] de cet impertinent ? Mais il y a tant d’autres mauvais livres dont il faudrait faire justice !

Portez-vous mieux que moi, mon cher ami. Écr. l’inf…


6345. — À M.  HENNIN.
À Ferney, 18 mai.

Venez, monsieur, reconnaître au plus tôt les lieux que vous voulez embellir. Voilà le premier moment où le pays de Gex a des feuilles et des fleurs. L’air qu’on y respire est plus doux que celui de Genève.

Mettez-moi, je vous en supplie, aux pieds de monsieur l’ambassadeur ; je m’informe tous les jours de sa santé ; et puisque la nature, qui me persécute, ne veut pas que je lui fasse ma cour à Genève, j’espère qu’il ne partira pas sans daigner venir encore prendre l’air dans nos hameaux, et les honorer de sa présence.

Gardez-vous bien (si vous m’aimez) de m’oublier auprès de M. le chevalier de Taulès.

  1. Voyez la note sur la lettre 6306.
  2. Voltaire publia le Président de Thou justifié ; voyez tome XXV, page 477.