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CORRESPONDANCE.

vertueux des hommes ; et voilà ceux qu’Omer veut persécuter :

Il n’a qu’un homme infiniment instruit dans la belle science de la théologie et des pères qui puisse avoir fait l’Examen critique des Apologistes[1]. J’avoue que le livre est sage et modéré : tout critique doit l’être ; mais je ne pense pas qu’on doive blâmer le lord Bolingbroke d’avoir écrit avec la fierté anglaise, et d’avoir rendu odieux ce qu’il a prouvé être misérable. Il fait, ce me semble, passer son enthousiasme dans l’âme du lecteur. Il examine d’abord de sang-froid, ensuite il argumente avec force, et il conclut en foudroyant. Les Tusculanes de Cicéron et ses Philippiques ne doivent point être écrites du même style.

Vous me faites bien plaisir, mon cher frère, de me dire que Mlle  Sainval[2] a réellement du talent. Il est à souhaiter qu’elle soutienne le théâtre, qui tombe, dit-on, en langueur. Mais quand aurons-nous des hommes qui aient de la figure et de la voix ?

J’ai écrit à M.  Grimm[3]. Il s’agit de me faire savoir les noms des principales personnes d’Allemagne que je pourrai intéresser à favoriser les Sirven. Je vous supplie de lui en écrire un mot, et de le presser de m’envoyer les instructions que je lui demande. Les Sirven et moi, nous vous en aurons une égale obligation.

Adieu, mon cher frère : s’il n’y a point de nouveauté à présent, le livre attribué à Fréret doit en tenir lieu pour longtemps : il fait honneur à l’esprit humain.

Comme je vous embrasse, vous et les vôtres !


6377. — À M.  THIERIOT.
26 juin.

Mon cher et ancien ami, j’aurais plus de foi à votre régime qu’à l’eau de M.  Vyl. La véritable eau de santé est de l’eau fraîche, et tous ceux qui prétendent faire subsister ensemble l’intempérance et la santé sont des charlatans. Une meilleure recette est celle qu’on vous envoie de Brandebourg tous les trois mois[4]. Votre arrangement me paraît très-bien fait et très-adroit : il n’y a personne auprès de votre correspondant qui puisse l’avertir

  1. Voyez lettre 6306.
  2. Mlle  Sainval l’aînée.
  3. Lettre 6365.
  4. Le payement de ce que lui donnait le roi de Prusse, dont il était le correspondant littéraire.