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ANNÉE 1766.

être imprimé en anglais ; qu’il priait qu’on le traduisît en français, et qu’on vous en envoyât un exemplaire. »


6407. — À M. HENNIN.

Ange de paix, voici un Genevois qui vous donnera de quoi faire votre métier de bienfaisance. Tandis que vous cherchez à peupler le pays de Gex de protestants, on les en chasse ; on ravit le bien patrimonial d’une famille. C’est par charité chrétienne, à la vérité ; mais c’est contre les lois mêmes de Louis XIV, qui ne sont pas si sévères que les déprédateurs fiscaux. Permettez que je recommande à vos bontés, à votre protection, et à vos conseils, le porteur de ma requête.

On dit qu’une jolie et brave Lyonnaise a rossé trois citoyens. Le porteur n’est pas du nombre ; elle lui aurait donné un baiser.


6408. — DE M. HENNIN[1].
Genève, 14 juillet 1766.

J’ai déjà écrit, monsieur, à monsieur l’intendant pour l’affaire à laquelle vous vous intéressez ; je lui représente que, quand on veut prendre des alouettes, il ne faut pas battre le tambour autour du filet.

Je dis quelquefois comme vous : Je ne souffrirai pas cela. Il est affreux que notre France soit la victime de la fureur de quelques prêtres morts il y a longtemps. Mais en cela, comme en beaucoup de choses, il faut se souvenir de la fable des Voyageurs et de Borée[2].

La pucelle du chemin de Versoix, qui n’est, je crois, pas plus pucelle qu’une autre, m’a raconté son exploit ; à la voir, je juge que votre petit protégé ne serait pas son fait. C’est une Suissesse lyonnisée, qui aurait brillé au siège de Beauvais.

Le prince héréditaire a couché cette nuit à Lausanne. Ainsi, préparez-vous à le recevoir.


6409. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[3].

Vous présumez mieux de moi que je ne le fais moi-même ; vous me soupçonnez d’être l’auteur d’un Abrégé de l’Histoire ecclésiastique et de sa

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin ; 1825.
  2. Il est sans doute question ici de la fable de La Fontaine, intitulée Phœbus et Borée, livre VI, fable iii.
  3. Cette lettre a été longtemps placée par les éditeurs en janvier 1767 : elle paraît être de la mi-juillet 1766. Voltaire devait l’avoir reçue lorsqu’il écrivit les lettres 6424, 6425, 6430, 6432, etc. La lettre de Voltaire à laquelle elle répond est perdue.