dans sa misérable feuille. L’innocence des Calas, l’arrêt solennel de messieurs les maîtres des requêtes, sont trop respectables pour que j’y mêle des objets si vains. Je suis seulement étonné qu’on souffre dans Paris une telle insolence, et qu’un malheureux, qui manque à la fois à l’humanité et au respect qu’il doit au conseil, abuse impunément, jusqu’à ce point, du mépris qu’on a pour lui.
Je demande pardon à M. de Voltaire d’avoir mêlé ici son nom avec celui d’un homme tel que Fréron ; mais puisqu’on souffre à Paris que les écrivains les plus déshonorés outragent le mérite le plus reconnu, j’ai cru qu’il était permis à un militaire, que l’honneur anime, de dire ce qu’il pense ; et j’en suis si persuadé que vous pouvez, mon cher philosophe, faire part de mes réflexions à tous ceux qui aiment la vérité.
Vous savez à quel point je vous suis attaché.
Je me jette plus que jamais aux pieds et aux ailes de mes anges. Voici des papiers dont dépend le sort de la famille Sirven. Je connais leur bonté ; ainsi, je ne leur fais point d’excuses. Je leur ai envoyé, sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin, les nouveaux roués ; il y a encore quelques changements depuis ce temps-là. Le jeune auteur est très-docile ; il est aux ordres de mes anges. Mlle Clairon arrive demain. Le théâtre est rebâti ; mais je n’en peux plus.
Respect et tendresse.
P. S. J’ai encore pris la liberté de leur adresser un paquet pour M. de Calonne, qui renferme la pièce la plus décisive.
Madame, je n’ai pas manqué de chercher le neveu de l’abbé Bazin pour lui communiquer la lettre dont Votre Majesté impériale m’a honoré. C’est un homme retiré et obscur, mais votre