Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/41

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gloire est venue jusqu’à lui ; elle lui est chère ; il connaît l’étendue de votre génie, de votre esprit, de votre courage. Il vous admire d’avoir su réduire les prêtres à être utiles et dépendants. Si je n’étais pas si vieux que je le suis, je demanderais à Votre Majesté la permission d’assister avec lui au premier carrousel qu’on ait vu dans vos climats. Falestris ne donna jamais de carrousel : elle alla cajoler Alexandre ; mais Alexandre serait venu vous faire sa cour.

On n’a point encore incendié le livre de l’abbé Bazin. On croit qu’il l’a composé dans vos États, car la vérité vient du Nord, comme les colifichets viennent du Midi.

Au reste, madame, le neveu Bazin m’a dit qu’il avait été très-attaché à Mme la princesse de Zerbst, mère de Votre Majesté[1] ; il dit qu’elle était aussi fort belle et pleine d’esprit, et que, si elle vivait, elle serait prête à mourir de joie en voyant les succès de sa fille. Il y a un meilleur parti à prendre, c’est celui d’en être longtemps témoin. Que Votre Majesté impériale me permette de me joindre au petit Bazin pour me mettre à vos pieds.

Je suis avec un profond respect, madame, de Votre Majesté impériale le très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

6072. — À M. THIERIOT[2].
28 juillet.

C’est pour vous dire, mon ancien ami, qu’un inconnu qui signe Lachassaigne m’écrit qu’il a besoin d’argent. Il est commis, à ce qu’il dit, au bureau des Affiches. Il dit qu’il ira prendre ma réponse chez vous. Cette réponse est que je voudrais soulager tous ceux qui sont dans le besoin, mais que M. Delaleu a fait pour moi tant d’avances qu’il n’est pas possible que je lui en demande de nouvelles.

Je suis fort en peine de deux affaires qui doivent intéresser tous les honnêtes gens : il s’agit de la pension d’Archimède et de l’algarade qu’on a faite à M. de Beaumont.

Mlle Clairon vient demain chez moi. J’attends avec impatience mon philosophe Damilaville, et je voudrais bien que vous fussiez du voyage.

  1. Voyez la note 4, tome XXXVII, page 26.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.