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ANNÉE 1766.

flétri par la cour des aides de Paris comme il le méritait. Ce scélérat, nommé Broutel, qui a osé être juge sans être gradué, devrait être poursuivi au parlement de Paris, et être puni plus grièvement qu’à la cour des aides : c’est, Dieu merci, un des parents de mon neveu d’Hornoy le conseiller, à qui l’on doit la flétrissure de ce coquin.

On vient de m’envoyer le Mémoire de M. de Calonne ; il est en effet approuvé par le roi[1] : ainsi M. de Calonne est justifié dans tout ce qui regarde son ministère. Le public n’est juge que des procédés, qui sont fort différents des procédures.

Je vous avoue que j’ai une extrême curiosité de savoir ce qui se passe à Bedlam, et de lire la lettre de cet archi-fou[2], qui se plaint si amèrement de l’outrage qu’on lui a fait en lui procurant une pension : c’est un petit singe fort bon à enchaîner, et à montrer à la foire pour un schelling.

Il y a un Commentaire[3] sur le petit livre de Beccaria, dont on dit beaucoup de bien ; il est fait par un jeune avocat de Besançon ; dès que je l’aurai, je vous l’enverrai. On dit qu’il entre surtout dans quelques détails de la jurisprudence française, et qu’il rapporte beaucoup d’aventures tragiques ; celle des Sirven m’occupe uniquement. Je vous ai mandé l’excès des bontés de M. le duc de Choiseul, et combien je compte sur sa protection.

Je connaissais déjà le projet de la traduction de Lucien[4], et j’avais lu le plus beau de ses Dialogues. Ce Lucien-là valait mieux que Fontenelle. J’ai une très-grande idée du traducteur.

Ah ! mon cher ami, que je serais heureux de me trouver entre Tonpla et vous ! Écr. l’inf…


6508. — À M. DE LA HARPE.
17 septembre.

Mon cher confrère et mon cher enfant, je vous remercie bien tard, mais j’ai été malade. J’ai pris les eaux, et pendant ce temps-là on n’écrit point. Vous savez aussi peut-être combien

  1. Le roi avait écrit de sa main, au bas du mémoire de Calonne : « Je vous autorise à faire imprimer ce mémoire, etc. »
  2. J.-J. Rousseau ; voyez la lettre 6476.
  3. Il est de Voltaire ; voyez tome XXV, page 539.
  4. L’abbé Morellet avait formé le projet de traduire Lucien, mais ne l’a pas exécuté. On trouve aux tomes II et III des Variétés littéraires (par Arnaud et Suard) la traduction, par Morellet, de Jupiter le tragique et de Pérégrinus.