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à Jean-Jacques, il suffit de vous dire qu’il y avait autrefois à Paris un pauvre homme nommé Chie-en-pot-la-Perruque, qui se plaignait que la cour et la ville étaient liguées contre lui.

Vous devriez bien abandonner vos ouailles quelques moments, pour venir converser dans un château où il n’y a pas une ouaille.


6527. — À M. DAMILAVILLE.
1er octobre.

Je vous envoie, mon cher ami, cette lettre ouverte pour M. de Beaumont[1], que je vous supplie de lire.

Il s’est chargé de trois affaires fort équivoques, qui feront grand tort à la cause des Sirven. Il y a un parti violent contre lui : on a surtout prévenu les deux Tronchin. On s’irrite de le voir invoquer une loi cruelle[2] contre les protestants mêmes qu’il a défendus ; on dit que sa femme, étant née protestante, devait réclamer cette loi moins qu’une autre. On prétend que l’acquéreur de la terre de Canon[3] est de bonne foi, et que les terres en Normandie ne se vendent jamais plus que le denier vingt. On assure que le brevet obtenu par l’acquéreur le met à l’abri de toutes recherches, et que la même faveur qui lui a fait obtenir son brevet lui fera gagner sa cause.

Je vous confie mes alarmes. L’odieux qu’on jette sur cette affaire nuira beaucoup à celle des Sirven, je le vois évidemment : mais plus nous attendrons, plus nous trouverons le public refroidi ; et d’ailleurs les démarches que j’ai faites exigent absolument que le mémoire soit imprimé sans délai. Si M. de Beaumont est à la campagne, il n’a d’autre parti à prendre que de vous confier le mémoire, que vous ferez imprimer par Merlin.

J’ai enfin reçu le Certificat[4] de M. Deodati ; j’aurai celui[5] de Lacombe par le premier ordinaire. Il est essentiel de confondre la calomnie : en brisant une de ses flèches, on brise toutes les autres. Il paraît tous les jours des livres qu’on ne manque pas

  1. Cette lettre manque.
  2. Voyez la lettre à Damilaville du 4 juin 1767 ; et ci-dessus, page 437.
  3. Département du Calvados. Élie de Beaumont y fonda un prix pour une rosière. L’abbé Le Monnier a publié un opuscule intitulé Fêtes des bonnes gens de Canon, et des Rosières de Briquebec et de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; 1778, in-8o.
  4. Il fait partie de l’Appel au public, qui est tome XXV, page 579.
  5. Il n’est pas dans l’Appel au public.