Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/64

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la regrettera ; la porte sera légère pour vous, qui n’allez presque jamais au spectacle.

Nous marions donc tous deux des filles ; mais vous avez un grand avantage sur moi, vous mariez celle que vous avez faite. Vous avez goûté le plaisir d’être père, et moi j’ai été inutile au monde ; ce n’est pas ma faute. Je me console autant que je puis par le plaisir insipide de bàtir et de planter. La mémoire de Mme de Tencin m’est chère, puisqu’elle a mis au monde d’Alembert ; il a été sur le point d’en sortir : les jansénistes en auraient été bien aises, mais tous les honnêtes gens auraient été bien affligés.

Vivez, mon cher ami, et portez-vous mieux que moi,


6099. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
30 auguste.

J’ai trop tardé, mon cher monsieur, à vous remercier de la justice que vous avez bien voulu rendre aux Calas, et de la générosité avec laquelle vous avez daigné confondre les calomnies de ce malheureux Fréron. On m’a dit qu’on avait été indigné de sa feuille ; mais, quelque horreur qu’il inspire, on le tolère, et il se fait un revenu du mépris qu’il inspire. J’aurais voulu vous envoyer une lettre de remerciement qu’on doit imprimer à la suite de la vôtre ; mais je n’ai pu en avoir encore un exemplaire.

Mlle Clairon m’a fait oublier les maladies qui persécutent ma vieillesse. Elle a joué dans Tancrède et dans Oreste sur mon petit théâtre que vous connaissez. J’ai vu la perfection en un genre pour la première fois de ma vie.

Elle est actuellement en Provence, vous auprès d’Angoulême ; ainsi je passe ma vie dans les regrets.


6100. — À MADEMOISELLE CLAIRON.
à marseille.
Ferney, 30 auguste.

Je ne vous dirai pas, mademoiselle, à quel point vous êtes regrettée, parce que je ne pourrais l’exprimer.

Voici ce qu’on[1] m’écrit de Versailles : « Tout le monde veut

  1. C’était le maréchal de Richelieu ; voyez lettre 6108.