Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/89

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J’espère que je serai bientôt quitte des maçons qui bouleversent toute ma petite retraite.

Ne doutez pas, monsieur, de l’estime et de l’amitié (ce mot sacramentel ne doit pas être oublié) que vous avez inspirées à votre tres-humble et très-obéissant serviteur[1].


6128. — À M.  COLINI.
4 octobre.

Mon cher ami, je suppose toujours[2] que milord Abingdon, qui a eu le bonheur d’aller faire sa cour à Leurs Altesses électorales, leur a rendu compte du triste état où il m’a vu. Ce n’est pas seulement la vieillesse, qui m’accable, car il y a des vieillards qui ont encore de la force ; mais je languis sous une complication de maladies qui ne me laissent aucun repos ni jour ni nuit, et qui me mènent au tombeau par un chemin fort vilain : ma seule consolation est de dicter quelquefois des fadaises, et de m’armer d’une philosophie inaltérable contre les maux qui me persécutent.

Je ne sais si Son Altesse électorale a été informée qu’on fait à Paris une très-belle estampe de la famille des Calas. On a fait une espèce de souscription pour cette estampe : elle est prête. Je ne doute pas que monseigneur l’électeur n’ait à Paris un ministre qui pourra souscrire en son nom, et lui faire parvenir le nombre d’estampes qu’il commandera ; elle vaut un écu de six livres. Je n’ose prendre la liberté d’écrire à monseigneur. Je ne me sens pas, dans l’état où je suis, assez d’esprit pour l’amuser, et je suis trop respectueusement attaché à sa personne pour l’ennuyer. Je vous prie instamment de me dire s’il prendra de ces estampes, et surtout de lui présenter les hommages du plus dévoué et du plus fidèle serviteur qu’il aura jamais.


6129. — DE M.  D’ALEMBERT.
Ce 7 octobre.

Vous avez donc cru, mon cher maître, ainsi que frère Damilaville, que j’avais enfin ma pension ; détrompez-vous : il est vrai que l’Académie a fait en ma faveur une seconde démarche encore plus authentique et plus marquée, puisqu’elle ne l’a faite que d’après une lettre du ministre qui lui demandait

  1. Ces derniers mots sont de la main de Voltaire.
  2. Voyez la lettre 6078.