Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/107

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nouvelle correction, que vous pourrez aisément faire porter sur les anciennes éditions que vous avez, et surtout sur celles envoyées en dernier lieu par M. le duc de Praslin.

Cette scène du père et de la fille est de moitié plus courte qu’elle n’était ; ni Sozame, ni les Scythes, ne se doutent de la résolution d’Obéide, Les imprécations feront toujours un très‑grand effet, à moins qu’elles ne soient ridiculement jouées. Je conviens que ce cinquième acte était extrêmement difficile, mais enfin je crois être parvenu à faire à peu près tout ce que vous vouliez, et j’ose espérer que vous en viendrez à votre honneur. Ce sera à M. de Thibouville à arranger les rôles, les décorations, et les habits avec Lekain ; c’est de toutes les pièces celle qui exige le moins de frais.

Le rôle d’Obéide demande d’autant plus d’art qu’elle pense presque toujours le contraire de ce qu’elle dit. Je ne sais pas comment j’ai pu faire un pareil rôle, qui est tout l’opposé de mon caractère. Je ne dis que trop ce que je pense ; mais je le dis avec tant de plaisir quand je m’étends sur les sentiments qui m’attachent à mes anges, que je ne me corrigerai jamais de ma naïveté.

J’ai oublié, dans mes dernières lettres, de vous dire qu’il était impossible qu’on pût penser à Lekain dans cette édition du Triumvirat. Vous savez qu’on ne fait pas ce qu’on veut des libraires ; et moi, je sais ce que c’est que d’être loin de Paris.

Quant aux affaires de Genève, elles s’arrangeront sans doute, car elles ne sont que ridicules ; elles ne méritent qu’un Lutrin. J’en avais ébauché quelque chose[1] pour vous faire rire, et pour faire rire MM. les ducs de Choiseul et de Praslin ; mais, pendant tout le mois de janvier, je n’ai pas eu envie de rire.

Respect et tendresse.

6132. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
Ferney, le 9 février,

Vous connaissez, monseigneur, la main qui vous écrit[2], et le cœur qui dicte la lettre. Les neiges m’ôtent l’usage des yeux cet hiver-ci avec plus de rigueur que les autres ; mais j’espère voir

  1. Voyez lettre 6670 ; et, tome IX, le poëme de la Guerre civile de Genève.
  2. Cette lettre devait être de la main de Galien, protégé de Richelieu ; voyez lettre 6530.