Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/109

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Voici une requête d’une autre espèce que le griffonneur de la lettre[1] vous présente, et par laquelle il vous demande votre protection. Quoiqu’il s’agisse de toiles, il n’en est pas moins attaché à l’histoire ; et il croit que, s’il dirigeait les toiles de Voiron, il pourrait très-commodément visiter tous les bénédictins du Dauphiné. Il saurait précisément en quelle année un dauphin de Viennois fondait des messes, ce qui serait d’une merveilleuse utilité pour le reste du royaume.

Voici à présent d’une autre écriture[2]. Vous voyez, monseigneur, que celle de votre protégé s’est assez formée ; s’il continue, il se rendra digne de vous servir, ce qui vaudra mieux que l’inspection des toiles de son village. Je doute fort que M. de Trudaine déplace un homme qui est dans son poste depuis longtemps, pour favoriser un enfant de cet emploi.

Quoi qu’il en soit, je joins toujours sa requête à cette lettre. Agréez le tendre et profond respect avec lequel je serai jusqu’au dernier moment de ma vie, votre, etc,

L’aventure de la sœur de Thurot n’est plus bonne qu’à oublier.

Il y a à Voiron, village de Graisivaudan en Dauphiné, une fabrique de toiles dont l’inspection ne se donnait qu’à un des habitants de l’endroit ; cependant une personne qui demeure à Romans, et qui possède déjà plusieurs autres inspections considérables, a trouvé le moyen de se faire encore revêtir de celle-ci.

M. de Trudaine est le maître d’accorder ce petit appui au sieur Claude Galien, natif de Voiron[3]. Il soulagerait une famille nombreuse, connue depuis très-longtemps, domiciliée et estimée dans ledit endroit. Le père, l’oncle et les frères de Claude Galien ont tous été au service ; son frère fut tué à Crevelt, étant pour lors dans les volontaires de Dauphiné : c’était l’aîné de la famille.

Claude Galien demande très-humblement la protection de M. de Trudaine.

6733. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, 9 février.

Ayant été mort, monseigneur, et enterré environ cinq semaines dans les horribles glaces des Alpes et du mont Jura, il à fallu

  1. Galien.
  2. Celle de Voltaire.
  3. Dans ses lettres à Hennin, des 4 et 13 janvier 1768, Voltaire dit que Galien etait natif de Salmoran ; voyez, sur ce personnage, une note sur la lettre 6530.