Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/115

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perpétuel dans trois villages entre Genève et le pays de Gex ; cela coûterait beaucoup, mais Genève, qui fait pour deux millions de contrebande par an, serait anéantie dans peu d’années. Si on se borne à saisir quelques pintes de lait[1] à nos paysannes, et à les empêcher d’acheter des souliers à Genève, on n’aura pas fait une campagne bien glorieuse.

Pardonnez-moi la liberté que je prends en faveur de la confiance que vous m’avez inspirée, et de l’intérêt très-réel que j’ai à tous ces mouvements.

La petite affaire de la sœur du brave Thurot est finie de la manière dont je l’aurais finie moi-même si j’avais été juge. Je n’en ai point importuné M. le duc de Choiseul ; j’ai la principale obligation de tout à monsieur le vice-chancelier.

Je vous conseille de jeter les Scythes dans le feu, car je les ai bien changés ; et je vais m’amuser à en faire une meilleure édition.

Permettez que M. le chevalier de Taulès trouve ici les assurances des sentiments que j’aurai pour lui toute ma vie.

Jai l’honneur d’être, avec bien du respect, et la plus tendre reconnaissance de toutes vos bontés, monsieur, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
6738. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
10 février.

Je reçus hier la lettre du 3 février de mon cher ange, après avoir fait partir ma réponse à la lettre du 2. Je suppose toujours que les deux exemplaires adressés à M. le duc de Praslin lui sont parvenus.

Les dernières additions que j’ai envoyées à mon ange et à M. de Thibouville peuvent servir aisément à rendre les deux exemplaires complets et corrects ; mais, pour abondance de précautions, voici encore un exemplaire nouveau, bien exactement revu, lequel pourra servir de modèle pour les autres ; il part à l’adresse de M. le duc de Praslin.

Je ne saurais être de l’avis de mon ange sur ce vers d’Obéide, dans la scène avec son père, au cinquième acte :

  1. Voyez lettres 6681 et 6733.
  2. Les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, l’ont datée à tort du 8 février. (G. A.)