Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire.
Cela ne veut dire autre chose pour ce père, sinon qu’il en a
coûté beaucoup d’efforts à une jeune personne, élevée à la cour,
pour venir s’ensevelir dans des déserts ; mais, pour le spectateur,
cela veut dire qu’elle aime Athamare. Si j’avais le malheur de
céder à cette critique, j’ôterais tout le piquant et tout l’intérêt de
cette scène.
J’ai fait humainement ce que j’ai pu. Il ne faut pas demander à un artiste plus qu’il ne peut faire ; il y a un terme à tout ; personne ne peut travailler que suivant ses forces. Voici le temps de copier les rôles et de les apprendre ; il n’y a plus ni à reculer ni à travailler. Je demande seulement qu’on joue la Jeune Indienne avec les Scythes. Je serais bien aise de donner cette marque d’attention à M. de Chamfort, qui est, dit-on, très‑aimable, et qui me témoigne beaucoup d’amitié.
Si ces deux pièces sont bien jouées, elles vaudront de l’argent au tripot ; elles donneront du plaisir à mes anges, mais, pour moi, je suis incapable de plaisir : je ne le suis que de consolation, et ma plus grande est l’amitié dont mes anges m’honorent.
N. B. Dans le tracas horrible qui m’a accablé pendant un mois, je ne me suis jamais aperçu d’une faute d’impression au cinquième acte, page 64 :
Sozame a-t-il appris que sa fille qu’il aime.
Il y avait dans le manuscrit :
Sozame a-t-il appris que sa fille qui m’aime.
Il y a encore quelques petits changements fort légers dans la
copie ci-jointe.
N. B. Comment pouvez-vous m’outrager au point de me soutenir que ce vers :
Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire,
signifie : Mon père, j’adore Athamare, et je ne le tuerai point, puisque
le moment d’après elle dit :
Après ce coup Lerrible et qu’il me faut porter… ?
Ce mot qu’il me faut porter ne rejette-t-il pas très-loin tous les
soupçons que pourrait concevoir le père ? D’ailleurs, quels soup-