Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/14

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Je vous prie de mettre tout cela dans votre paquet de la cour, demain samedi.

Je pourrais bien dans quelques jours aller rendre à monsieur l’ambassadeur sa visite, à Soleure. Je vous prie, à tout hasard, de vouloir bien m’envoyer un passe-port, car voilà les troupes qui vont border Versoy.

Maman et toute ma famille vous embrassent tendrement.

Nous sommes ici la victime des troubles de Genève, car nous n’avons point l’honneur de vous voir. Nous savons que le peuple vous aime, mais nous vous aimons sûrement davantage.


6647. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 3 janvier 1767.

Je vois avec une peine infinie, monsieur, le projet que vous formez de voyager dans ce temps-ci. Quant au passe-port, de plus de huit jours il n’en sera pas besoin pour venir ici. Vous pouvez sans aucune difficulté passer en Suisse sans passe-port. S’il en fallait un pour un Français aux portes de Versoy, ce pourrait être qu’un passe-port de la cour. J’espère que vous changerez de résolution, et je vous prie instamment de m’en instruire.

Le temps me manque pour vous en dire davantage. L’idée de vous perdre, ne fût-ce que pour quelque temps, me rendra ce pays-ci insupportable.

Pardon de mon laconisme, mais, en vérité, je suis excédé d’écritures. Mes respects à toutes vos dames. Je vous embrasse bien tendrement, et vous prie de disposer de moi en tout ce que je pourrai faire pour vous témoigner mon dévouement sincère et inviolable.


6648. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, samedi au matin, 3 janvier, avant que
la poste de France soit arrivée à Genève.

Mes anges sauront donc pourquoi j’ai fait imprimer les Scythes :

1° C’est que je n’ai pas voulu mourir intestat, et sans avoir rendu aux deux satrapes, Nalrisp et Elochivis[2], l’hommage que je leur dois ;

2° C’est que mon épître dédicatoire est si drôle[3] que je n’ai pu résister a la tentation de la publier ;

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.—M. Hennin, 1825.
  2. Praslin et Choiseul.
  3. Voyez tome VI, page 263.