Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/140

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Vous savez quels tourments mon refus lui prépare :
Après ce coup terrible, et qu’il me faut porter, etc.

M. Lekain est prié de porter ce changement sur la copie que M. Marin a dû lui remettre.

6765. — DE STANISLAS-AUGUSTE PONIATOWSKI,
roi de pologne.
Varsovie, le 21 février.

Monsieur de Voltaire, tout contemporain d’un homme tel que vous, qui sait lire, qui a voyagé, et ne vous a pas connu, doit se trouver malheureux. Si le roi mon prédécesseur[1] eût vécu un an de plus, j’aurais vu Rome et vous. J’allais partir pour l’Italie lorsqu’il est mort, et je comptais revenir par chez vous. C’est un des plaisirs que me coûte ma couronne, et dont elle ne m’ôtera jamais le regret. Vous l’augmentez par votre lettre du 3 de ce mois ; vous m’y tenez compte de faits qui ne sont malheureusement que des intentions. Plusieurs des miennes ont leur source dans vos écrits. Il vous serait souvent permis de dire : « Les nations feront des vœux pour que les rois me lisent. »

Continuez, monsieur, à jouir de votre gloire, et à prouver au monde qu’il est des esprits qui ne s’épuisent point. Je suis bien véritablement, monsieur de Voltaire, votre très-affectionné.

Stanislas-Auguste, roi.
6766. — À M. LE MARQUIS DE CHAUVELIN.
À Ferney, 23 février.

Je suis partagé, monsieur, entre la reconnaissance que je vous dois et l’admiration où je suis qu’au milieu de vos occupations, et même de vos dissipations, vous ayez pu faire un plan si rempli de génie et de ressources. Nous convenons qu’il est l’ouvrage d’un esprit supérieur. Vous me direz : pourquoi ne l’adoptez-vous donc pas ? Vous en verrez les raisons dans le petit mémoire que nous envoyons à M. et à Mme d’Argental.

Mme Denis, M. et Mme de La Harpe, nos acteurs et moi, nous avons retourné de tous les sens ce que vous nous proposez. Nous nous sommes représenté vivement l’action, et tout ce qu’elle comporte, et tout ce qu’elle doit faire dire ; nous sommes tous d’un avis unanime ; nous osons même nous flatter que, quand vous

  1. Frédéric-Auguste II, mort à Dresde le 5 octobre 1763.