Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/164

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D’un mercenaire hymen on ignore la loi ;
On fait sa destinée. Une fille guerrière
De son guerrier chéri court la noble carrière,
Se plaît à partager ses travaux et son sort,
L’accompagne aux combats, et sait venger sa mort.
Préfères-tu nos mœurs aux mœurs de ton empire ?
La sincère Obéide aime-t-elle Indatire ?

Obéide,

Je connais les vertus, j’estime ta valeur, etc.

Non-seulement ces vers préparent un peu le cinquième acte, mais ils sont plus forts et meilleurs.

M. Lekain est prié de les donner à M. Molé, et de lui faire de ma part les plus sincères compliments. Je persiste toujours à croire qu’il ne faut donner que cinq ou six représentations avant Pâques. La pièce demande à être beaucoup répétée, et, en ce cas, l’approbation du public pourra produire quelque avantage aux acteurs après Pâques.

N. B. Au cinquième acte :

Obéide.

· · · · · C’est assez, seigneur ; j’ai tout prévu :
J’ai pesé mon destin, et tout est résolu.
Une invincible loi me tient sous son empire ;
La victime est promise au père d’Indatire ;
Je tiendrai ma parole, allez, il vous attend
Qu’il me garde la sienne ; il sera trop contenu

Sozame.

Tu me glaces d’horreur !

Obéide.

Tu me glaces d'horreur ! Hélas ! je la partage.
Seigneur, le temps est cher, achevez votre ouvrage,
Laissez-moi m’affermir ; mais surtout obtenez
Un traité nécessaire à ces infortunés, etc.

N. B. Comment des gens du monde peuvent-ils condamner sénat agreste ? Ils n’ont pas vu les conseils généraux des petits cantons suisses. Le mot agreste est noble et poétique. Il est vrai qu’étant neuf au théâtre, quelques Frérons peuvent s’en effaroucher au parterre ; mais c’est à la bonne compagnie à le défendre.