Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/198

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aux courriers de se charger d’aucun ballot ; mais cette loi, portée pour favoriser les entrepreneurs de voitures, cesse quand les voitures manquent.

Comment puis-je recevoir cinquante exemplaires du mémoire de Sirven qui sont à Lyon, et que j’attends pour envoyer aux cours étrangères ?

Monseigneur le duc de Choiseul est grand maître des postes ; il peut permettre que le courrier de Lyon nous apporte notre nécessaire, dans cette interruption totale de commerce. Il peut réprimer les rapines du nommé Dumesrel fils, receveur du bureau de Collonges.

Il peut donner ses ordres au sieur Tabareau, directeur de la poste de Lyon, à qui le petit ballot saisi était renvoyé. Nous demandons cette justice et cette grâce au protecteur des Calas, des Sirven et au nôtre.

Comptez, madame, que nous éprouvons depuis trois mois l’état le plus cruel dans un désert qui est pire que la Sibérie la moitié de l’année, et que j’ai pourtant embelli et amélioré aux dépens de ma fortune.

Nous nous jetons à vos pieds et aux siens.

J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
6818. — À M. ***, AVOCAT À BESANÇON,
écrite sous le nom d’un membre du conseil de zurich en suisse.
Mars

Nous nous intéressons beaucoup, monsieur, dans notre république, à la triste aventure du sieur Fantet[1]. Il était presque le seul dont nous tirassions les livres qui ont illustré votre patrie, et qui forment l’esprit et les mœurs de notre jeunesse. Nous devons à Fantet les œuvres du chancelier d’Aguesseau et du président de Thou. C’est lui seul qui nous a fait connaître les Essais de morale de Nicole, les Oraisons funèbres de Bossuet, les Sermons de Massillon et ceux de Bourdaloue, ouvrages propres à toutes les religions ; nous lui devons l’Esprit des lois, qui est encore un de ces livres qui peuvent instruire toutes les nations de l’Europe

Je sais en mon particulier que le sieur Fantet joint à l’utilité

  1. Libraire de Besançon poursuivi.