Monsieur, vous me pénétrez de joie en m’apprenant votre heureux succès ; je me flatte que tout sera bientôt réglé à votre satisfaction. Vous méritiez bien assurément la justice qu’on vous a rendue. Personne ne s’intéressera jamais plus que moi à tous vos avantages. Je suis bien fâché que mon âge et ma mauvaise santé m’empêchent de venir vous dire avec quels sentiments respectueux j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
On reçoit dans ce moment[3] la nouvelle que l’étui de mathématiques est arrivé. Le quart de cercle[4] que vous demandez ne sera pas sitôt prêt : vous savez que jamais les ouvriers de Genève n’ont été si profonds politiques et si mauvais artisans. On se donne beaucoup, dans ce pays-là, le passe-temps de se tuer : voilà quatre suicides en six semaines ; mais on n’accuse pas encore les pères de tuer leurs enfants ; il faut espérer que cette mode viendra de France.
L’aventure de la servante est heureuse. Fréron la contait en s’enivrant avec ses garçons empoisonneurs. Je vous l’ai déjà dit[5], nos ennemis amassent des charbons ardents sur leur tête. M. de Lavaysse, à qui je fais mille compliments, sait la demeure de M. l’abbé Sabatier[6] ; il faudra absolument le faire appeler en témoignage.
J’apprends qu’une horde de barbares a fait beau bruit aux Scythes ; ces gens-là ne respectent point la vieillesse.
Adieu, mon digne et vertueux ami ; souvenez-vous de ce que vous avez promis de donner à Mme de Florian.
Embrassez bien pour moi le très-aimable Lembertad.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.
- ↑ Les alinéas 1, 4 et 5 de cette lettre ont été quelquefois imprimés comme P. S. de la lettre 6822.
- ↑ Voyez la lettre 6826.
- ↑ La réimpression de la première partie de l’opuscule de d’Alembert Sur la Destruction des jésuites.
- ↑ Dans la lettre 6772.
- ↑ L’auteur des Trois Siècles (voyez tome VII, page 172) ; avant d’écrire contre les philosophes, il les avait hantés et flattés. (B.)