Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
271
ANNÉE 1767

J’ai grande opinion du chevalier Bayard[1]. C’est un beau sujet. Je ne suis que le poëte de l’Amérique et de la Chine, et vous êtes celui des Français. Recevez, monsieur, les témoignages les plus vrais de ma reconnaissance.

6892. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 23 mai.

J’ai reçu, mon cher et illustre maître, le paquet que vous avez bien voulu m’envoyer par M. Necker[2] : je vous prie de vouloir bien remercier de ma part l’abbé Mauduit, de la Seconde Anecdote sur Bélisaire[3], qui m’a fort amusé ; la Lettre sur les Panégyriques[4] m’a fait encore plus de plaisir ; elle est pleine de vérités utiles, dont il faut espérer qu’à la fin l’espèce écrivante fera son profit.

Il y a bien à l’Académie des belles-lettres un abbé Foucher, assez plat janséniste, qui même a écrit autrefois contre la préface de l’Encyclopédie ; mais plusieurs de ses confrères, à qui j’en ai parlé, ne croient pas qu’il soit l’auteur du Supplément à la Philosophie de l’histoire[5] ; ils ne connaissent pas même ce beau Supplément, qui en effet est ici fort ignoré, et ne produit pas la moindre sensation : y répondre, ce serait le tirer de l’obscurité, comme on en a tiré Nonotte.

Avez-vous lu les trente-sept propositions que la Sorbonne doit condamner ? Votre ami l’abbé Mauduit ne nous donnera-t-il pas ses réflexions sur ce prodige d’atrocité et de bêtise ? Ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est que l’inquisition est ici à son comble ; on permet à toute la canaille du quartier de la Sorbonne d’imprimer tous les jours des libelles contre Bélisaire, et on ne permet pas à l’auteur de se défendre.

Notre jeune mathématicien a fait une petite suite pour l’ouvrage de mathématiques[6] que vous connaissez, où il traite de l’état de la géographie en Espagne ; vous la recevrez incessamment, quelque mécontent qu’il soit de la négligence du libraire.

Adieu, mon cher maître ; je vous embrasse mille fois.

  1. La tragédie de Gaston et Bayard, par de Belloy, jouée deux fois à Versailles en février 1770, et imprimée la même année, ne fut représentée à Paris que le 24 avril 1771.
  2. Voyez lettre 6872.
  3. Voyez tome XXVI, page 169.
  4. Voyez ibid., page 307.
  5. L’ouvrage est de Larcher.
  6. C’est la Seconde Lettre dont il est parlé dans une note sur le n° 6872.